DOSSIERS DE PRESSE
Monseigneur Patrick CHAUVET
Patrick Chauvet est vicaire général de l'Archevêché de Paris.
Aimer
en son coeur
Cet essai sur
l'éducation chrétienne propose une réflexion sur l'apprentissage des savoirs,
l'éducation de l'intelligence et de la mémoire qui marquent les enseignements
contemporains, pour leur préférer la prière comme lieu privilégié de
l'éducation du coeur, les vertus cardinales et théologales ainsi que la
miséricorde.
Cet ouvrage sur l'éducation se présente
comme une suite d' Éduquer des êtres libres. À partir de son expérience
d'éducateur, des fruits de ses rencontres avec les jeunes et les parents
parfois désorientés par leurs adolescents, l'auteur redonne aux jeunes, aux
parents et à tout éducateur les fondamentaux pour « aimer en son coeur ». Dans
notre monde de compétition, ne sommes-nous pas tentés de privilégier le savoir
au détriment de l'amour ? Peut-être attachons-nous une importance démesurée au
pouvoir, à l'efficacité... En évoquant l'éducation du coeur, nous pénétrons le
monde silencieux et discret de la grâce. Par la formation du coeur et de la
conscience, ce livre offre à chacun un chemin pour découvrir le trésor de son
coeur.
Viens,
suis-moi
A l'occasion de l'année
du prêtre, P. Chauvet revient sur sa place dans la communauté, rappelant le
rôle des apôtres auprès du Christ et s'exprimant sur ses rencontres avec des
pasteurs et serviteurs aux approches diverses de leur ministère.
À la source du sacerdoce ministériel « En cette année du prêtre, je souhaite
que ce livre aide les fidèles à redécouvrir la place du prêtre dans leur
communauté et à susciter l'appel auprès des jeunes.En m'appuyant sur
l'Écriture et la Tradition, je propose une contemplation du Christ, l'unique
grand-prêtre : comment a-t-il choisi ses apôtres qui ont appelé leurs
successeurs ? Comment ces derniers, à l'initiative de l'appel du Christ,
ont-ils ordonné les prêtres, leurs coopérateurs ? Et comment, suivant
l'enseignement du concile Vatican II, le sacerdoce commun des fidèles et le
sacerdoce ministériel ne peuvent être opposés, mais sont complémentaires, tous
deux étant au service du Seigneur et de l'annonce de la Bonne Nouvelle. Cet
ouvrage reprend mes études sur le sacerdoce, notamment chez saint Basile, et
mon enseignement à l'École Cathédrale de Paris, auprès des séminaristes. Il
est aussi le fruit de tout le travail théologique du père J.-M. Le Guillou,
qui fut mon père spirituel et qui, lors du synode romain de 1971 sur le
sacerdoce ministériel, au moment où l'Église traversait une crise grave, a
porté jour et nuit le souci des Pères synodaux : exprimer la grandeur et la
beauté du sacerdoce.
Ce livre est aussi un appel : oui, les prêtres sont heureux et ils attendent
que des jeunes viennent leur confier leur vocation. Qu'ils soient toujours
plus nombreux à répondre avec générosité à l'appel du Seigneur : As-tu pensé
un jour à être prêtre ? » Mgr Patrick Chauvet
Il
est là
Cet ouvrage est une
invitation à approfondir le mystère de l'Eucharistie à travers les textes des
Pères de l'Eglise et un accompagnement des temps d'adoration personnels ou
communautaires.
Gilles de Becdelièvre, écrivain.
A
partir d’un fait historique majeur et d’une intrigue, en tous points, plausible
et instructive, ses livres font revivre des personnages passés aux oubliettes de
l'Histoire : un hussard de l’Empire, Antoine de Lasalle ; un prince libertin et
guerrier, Antoine-Philippe de La Tremoille, prince de Talmont ; une artiste,
Elisabeth Vigée-Lebrun ; une évaporée, la princesse de Lamballe ; un
franc-maçon, le duc de Montmorency-Luxembourg ; un opportuniste, Stanislas de
Clermont-Tonnerre ; le généalogiste de Louis XVI, Bernard Chérin...
Gilles de Becdelièvre est membre de la S.G.D.L. (Société des
Gens de Lettres). Par le passé, l’auteur a réalisé un dictionnaire sur le rock
puis fait une grande partie de sa carrière professionnelle en agences de
publicité (Publicis, Dassas, BBDO) et dans les médias où il a notamment
collaboré avec Roger Thérond (célèbre rédacteur en chef de Paris-Match). Il est
le fondateur et le dirigeant d’une société de conseil en diagnostic et
communication auprès des entreprises.
Originaire du duché de Bretagne, les Becdelièvre remontent
au-delà du XIIème siècle. Voilà qui explique la passion de l’auteur pour
l’Histoire. Depuis ces dix dernières années, l’écriture occupe son quotidien.
L’auteur a, à son actif, deux romans qui ont été appréciés
tant des spécialistes que du grand public : « Les Loups de l’Empereur »
(Editions Cheminements – 2004) et « Le Dernier Cocher du Roi (Editions
Cheminements – 2007). Le premier raconte les quinze derniers jours d’un des plus
célèbres hussards de Napoléon, le général Lasalle ; le second évoque
l’organisation mis en place afin de faire évader Louis XVI et ainsi lui éviter
l’échafaud.
Vient de paraître : « Intrigue à la Cour
»,
une nouvelle qui relate les afféteries des courtisans à la Cour de Versailles.
Site de l’auteur :
www.gillesdebecdelievre.fr
« Les Loups de l’Empereur »
C' est un roman historique qui se déroule au jour le jour,
précisément du vendredi 23 juin au vendredi 7 juillet 1809. Construit à partir
de faits avérés et soucieux d’exactitudes, l’histoire s’achève sur la bataille
de Wagram.
Le roman nous fait découvrir - sous un angle inattendu - le
rôle déterminant de généraux et de colonels, la plupart passés aux oubliettes
de l’Histoire. Conscient de leur importance, Napoléon savait en tirer profit.
Le général Lasalle - sans doute son plus magistral hussard - était de ceux-ci.
« Alors Lasalle, à quand la noce ? », « Sire, elle aura
lieu quand j’aurai de quoi acheter les meubles et la corbeille. », « Comment !
Mais je t’ai donné deux cent mille francs la semaine dernière… Qu’en as-tu
fait ? », « J’en ai employé la moitié à payer mes dettes et j’ai perdu le
reste au jeu ». Après un tel aveu, plus d’un aurait eu sa carrière brisée ;
pourtant l’Empereur ordonna qu’on lui verse encore deux cent mille francs de
sa cassette personnelle…
Les hussards étaient avant tout des cavaliers et des
sabreurs émérites. Guerriers dans l’âme mais séducteurs impénitents - peu de
femmes leur résistaient - ils jouissaient tout autant des plaisirs de la
table.
Ils savaient aussi tailler dans leur courage, conscients de
la précarité de leur condition. Ainsi se comportaient les Marulaz, Piré de
Rosnyvinen, Bruyères, Colbert de Chabanais, Maupoint et autre Delaborde : une
horde d’officiers bretteurs, rustres, gouailleurs, mauvais sujets ou bien nés,
commandés par l’indiscutable Lasalle. Tous servaient avec abnégation et sens
de l’honneur les desseins de l’Empereur.
« Les Loups de l’Empereur » sont ressuscités à la lumière
crue d’un roman haut en couleur. Les pages ragent et tempêtent. Elles mettent
en scène des caractères bien trempés et - faut-il s’en désoler ? - des hommes
croyant en des valeurs qui n’ont plus cours dans le monde d’aujourd’hui.
Le
Dernier Cocher du Roi
Louis XVI a été décapité le 21 janvier 1793, place de la
Révolution, aujourd’hui place de la Concorde. Ce jour-là, sur le trajet qui
relie le Temple où le roi est emprisonné et le lieu où l’attend la guillotine,
une personne - aidée par toute une organisation secrète - a failli sauver le
monarque déchu.
Cette histoire est vraie. C’est l’affaire de ce livre.
Maure, témoin de son époque, en est le narrateur. Nous sommes entre 1791 et
1793. La Révolution française est en marche. La France vit des temps
tourmentés. Maure retrace la fin d’un monde, celui du haut clergé et de son
effarante influence auprès des douairières, de même que celui de la haute
noblesse des grands hôtels parisiens. Vipérins et gonflés d’afféterie, si
certains de ces gens excellent en bouts-rimés, d’autres se livrent à un
libertinage forcené. Ainsi la célèbre maison de jeu du Palais-Royal bat son
plein : parmi les courtisanes, nobles et jacobins se côtoient encore
indifféremment mais plus pour longtemps … Tandis que les lys flétris de la
monarchie trempent dans le sang, le petit peuple de Paris survit. Loin des
idées reçues, les rues infectes, la misère et la faim l’emportent sur les
émeutes, la lanterne et les têtes brûlées (ou pensantes).
Brunor
Brunor est illustrateur indépendant depuis 1988. Il travaille pour
la presse, l'édition et la communication (Sncf, France Télécom,
Crédit Lyonnais, Lafarge...). Il a publié son premier dessin à l’âge
de 15 ans et depuis, le "virus" ne l’a plus quitté… Il crée vers 20
ans le fanzine PLG avec Morin et Jamet, devenu, (grâce à ces
derniers) une référence indispensable dans le monde de la Bd. Puis
il participe à l'aventure Antirouille. Tout en publiant ainsi des
dessins, il travaille comme journaliste rédactionnel au journal A
l'écoute (OAA), puis entre à Tintin-Reporter comme responsable des
pages BD, ce qui lui permet de donner leur première chance à des
dessinateurs désormais confirmés. (Lewis Trondheim, Bruno Marchand,
Mounier, Varanda…)... et de mettre en scène une aventure rare...
(voir Tintin et Pink-Floyd). Il poursuivra cette recherche de
nouveaux talents aux éditions Dargaud. Puis il se consacre
exclusivement à l'illustration, et il est le premier surpris
d'arriver à nourrir sa tribu grâce à ses crayons, papiers et tubes
de gouache... Dans la majorité de ses travaux de commande, on lui
demande le plus souvent d'apporter de l'humour sur des sujets graves
(Handicap international, ADFI contre les sectes). Handicap… Le guide
de l’autonomie (de La Martinière Jeunesse). Depuis janvier 1999, il
illustre dans cet esprit la rubrique Parents & Enfants qui parait
chaque mercredi dans le quotidien La Croix, et revient ainsi à la
BD, son premier bonheur... Histoires de famille (La Croix - Presses
de la Renaissance). On peut voir ces dessins et strips de Bd sur le
site www.brunor.fr.st consacré au style «humour». Le présent site
Brunor-art.fr.st présente des travaux dans les domaines plus
picturauxqui viennent en complément du domaine «communication
visuelle». Dernière parution en Bd : L'univers imprévisible. (Cerf)
2007
L'univers
imprévisible.
Aujourd'hui, l'univers n'a plus
6 mille ans, mais 13,4 milliards d'années. La création ne s'est pas faite en 6
jours, mais depuis plus de 3 milliards d'années, elle se poursuit, sur un mode
d'évolution
www.Jésus
.qui ?
Après www.Dieu, Brunor nous propose une
nouvelle enquête. Selon le même principe de bande dessinée sans cadre, il
aborde une série de questions concernant la réalité historique de Jésus de
Nazareth, ainsi que les raisons objectives d'envisager les évangiles comme
un témoignage de foi... Des jeunes et leurs professeurs entrent en
dialogue à la cafétéria de leur établissement. Les questions fusent : « Y
a-t-il eu d'autres messies à l'époque ? », « Que penser des contradictions
entre les récits des évangiles ? », « Que vient faire la femme du haut
fonctionnaire Ponce Pilate dans l'évangile de Matthieu ? », « Y a-t-il des
raisons de croire à la Résurrection ? »... Le lecteur est invité à
participer à la recherche des réponses au fil de cette plongée dans les
sources archéologiques et scripturaires, et à la rencontre de Flavius
Josèphe, Tacite, Suétone et Pline le Jeune. Un petit livre bourré
d'informations, pour fortifier les croyants... et donner envie... à ceux
qui n'en ont pas ! Comme dans www.Dieu, la pétillante « Coccinelle » anime
les débats et les rend accessibles à tous les jeunes et à ceux qui leur
ressemblent.
L'évangile à l'encre sympathique
Pourquoi à l'encre sympathique ? Parce que
c'est une encre invisible qui nécessite un petit effort pour pouvoir être
vue. Il en est de même pour ces dessins dont le rapport à l'Évangile ne
saute pas immédiatement aux yeux... mais, en y regardant de plus près, on
verra apparaître un lien entre Le corbeau et le renard, Le père Noël ou
Les trois mousquetaires et les réalités quotidiennes que l'Évangile
propose de vivre à ceux qui l'écoutent. Dans chaque double page, on trouve
le texte original de la Bible de Jérusalem, un dessin « à l'encre
sympathique » et, entre les deux, comme une passerelle, quelques notes
brèves invitant à « aller plus loin ». Le Christ n'est jamais représenté,
mais on ne cesse d'entendre Sa voix. L'auteur offre un regard neuf à ceux
qui sont loin et à ceux qui sont proches, et particulièrement aux jeunes
qui seront sensibles à une certaine impertinence de ton. Il souhaite que
son encre rende l'Évangile sympathique à chacun. Brunor n'est-il qu'un
humoriste, et ne serait-il pas aussi un prédicateur ou un catéchiste ? Les
animateurs de catéchèse pourront apprécier les multiples développements
rendus possibles par ces dessins et leurs notes, ainsi que par les pistes
ouvertes en matière de réflexion et de créativité pour leurs équipes.
La question interdite
Au cours d'une traversée de la baie du Mont-Saint-Michel,
deux jeunes actucieux se demandent si on peut savoir qui est le Christ. Grâce
à une rencontre inattendue, ils vont être plongés dans l'histoire mouvementé
des premiers siècles de l'Eglise, et, découvrir, de façon très vivante, le
développement de la pensée ainsi que les grands débats et les conciles.
Connaître l'histoire des idées pour les comprendre et avancer, tel est
l'objectid de ce nouvel ouvrage de théologie en bandes déssinées, pour tous
croyants ou non.
Le mystère du soleil froid
A partir de questions de jeunes sur la Bible et l'univers,
Brunor démarre ici une série d'enquêtes à la recherche d'indices sur la
fameuse question de l'existence de Dieu. A la grande surprise des personnages
de cette aventure, il y a du nouveau. Tout simplement parce que notre
connaissance de l'univers et de son histoire a considérablement augmenté.
Depuis 3000 ans, certaines questions restaient sans réponse, seule une opinion
était possible. Par exemple : le soleil est-il éternel ? Ce débat
philosophique ou religieux ne pouvant pas être tranché, c'était souvent le
plus fort qui avait raison. Depuis peu, nous connaissons la réponse. C'est un
progrès considérable. Nous entrons donc dans une période nouvelle, où il
devient possible de comparer les affirmations des différentes cultures sur des
questions dont nous connaissons désormais la réponse, et vérifier si l'une ou
l'autre a vu juste. La Bible est-elle en cohérence avec l'univers réel ?
Comment fait-elle pour nous donner des informations exactes sur l'univers et
l'homme, avec trois mille ans d'avance? Ce livre transmet à chacun des
informations vérifiables, qui sont autant d'indices pour alimenter une pensée
personnelle.
Nicolas DOUCET
Nicolas Doucet, 35 ans,
père de 4 enfants, pratique l’humour sans ironie, un moyen de prendre du recul
par rapport à la vie.
Nicolas Doucet, illustrateur bien connu des lecteurs de Famille Chrétienne, a
finement observé les joies et les travers des petits et des grands au sein
d’une famille qui s’aime.
LES FAMILIUS -
volume 1 - “ Qui a fait ça ?”
48 planches du quotidien mouvementé d’une famille nombreuse
qui ne manque pas d’humour.
Odile GAUTRON
Le
secret de l’enfant rebelle :Anne de Guigné
.Biographie d'Anne
de Guigné, morte à l'âge de 11 ans, déclarée vénérable par Jean-Paul II.
L'histoire d'une petite fille comme toutes les autres petites filles...
avec certes plus de caprices et de colères, mais aussi plus de sacrifices
pour s'élever vers la sainteté. Une vie trop courte mais débordante
d'amour : le Pape Jean-Paul II a tenu à en faire un exemple pour tous les
jeunes enfants.
LETTRE DU SOUVERAIN PONTIFE BENOÎT XVI
POUR L’INDICTION D’UNE ANNÉE SACERDOTALE
À
L’OCCASION DU 150e ANNIVERSAIRE DU DIES NATALIS
DU SAINT CURÉ D’ARS
Chers Frères dans le sacerdoce,
En la prochaine solennité du
Sacré-Cœur de Jésus, vendredi 19 juin 2009 – journée traditionnellement
consacrée à la prière pour la sanctification des prêtres –, j’ai pensé
ouvrir officiellement une « Année sacerdotale » à l’occasion du 150e
anniversaire du « dies natalis » de Jean-Marie Vianney, le saint
patron de tous les curés du monde. Une telle année, qui veut contribuer à
promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de
rendre plus incisif et plus vigoureux leur témoignage évangélique dans le
monde d’aujourd’hui, se conclura en la même solennité de l’année 2010.
« Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus », avait coutume de dire
le Saint Curé d’Ars . Cette expression touchante nous permet avant tout
d’évoquer avec tendresse et reconnaissance l’immense don que sont les
prêtres non seulement pour l'Église, mais aussi pour l’humanité elle-même.
Je pense à tous ces prêtres qui présentent aux fidèles chrétiens et au monde
entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ,
s’efforçant de Lui donner leur adhésion par leurs pensées, leur volonté,
leurs sentiments et le style de toute leur existence. Comment ne pas mettre
en évidence leurs labeurs apostoliques, leur service inlassable et caché,
leur charité ouverte à l’universel ? Et que dire de la courageuse fidélité
de tant de prêtres qui, bien que confrontés à des difficultés et à des
incompréhensions, restent fidèles à leur vocation : celle d’« amis du
Christ », qui ont reçu de Lui un appel particulier, ont été choisis et
envoyés ?
Je porte moi-même encore
vivant dans mon cœur le souvenir du premier curé auprès de qui j’ai exercé
mon ministère de jeune prêtre : il m’a laissé l’exemple d’un dévouement sans
faille à son service pastoral, au point de trouver la mort alors qu’il
allait porter le viatique à un malade grave. Me viennent encore à la mémoire
les innombrables confrères que j’ai rencontrés et que je continue à
rencontrer, même au cours de mes voyages pastoraux en divers pays ; tous
généreusement engagés dans l’exercice quotidien de leur ministère
sacerdotal. Mais l’expression utilisée par le Saint Curé évoque aussi le
Cœur transpercé du Christ et la couronne d’épines qui l’entoure. Et notre
pensée se tourne alors vers les innombrables situations de souffrance dans
lesquelles sont plongés bien des prêtres, soit parce qu’ils participent à
l’expérience humaine de la douleur dans ses multiples manifestations, soit
parce qu’ils sont incompris par ceux qui bénéficient de leur ministère :
comment ne pas nous souvenir de tant de prêtres bafoués dans leur dignité,
empêchés d’accomplir leur mission, parfois même persécutés jusqu’au
témoignage suprême du sang ?
Il existe aussi
malheureusement des situations, jamais assez déplorées, où l'Église
elle-même souffre de l’infidélité de certains de ses ministres. Et c’est
pour le monde un motif de scandale et de refus. Ce qui, dans de tels cas
peut être surtout profitable pour l'Église, ce n’est pas tant la
pointilleuse révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une
conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé
dans les figures splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant
d’amour pour Dieu et pour les âmes, de directeurs spirituels éclairés et
patients. A cet égard, les enseignements et les exemples de saint Jean-Marie
Vianney peuvent offrir à tous un point de référence significatif : le Curé
d’Ars était très humble, mais il avait conscience, comme prêtre, d’être un
don immense pour son peuple : « Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de
Dieu, c’est là le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une
paroisse, et un des plus précieux dons de la miséricorde divine ». Il
parlait du sacerdoce comme s’il ne réussissait pas à se convaincre de la
grandeur du don et de la tâche confiés à une créature
humaine : « Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand ! s’il se
comprenait, il mourrait… Dieu lui obéit : il dit deux mots et Notre Seigneur
descend du ciel à sa voix et se renferme dans une petite hostie… ». Et, pour
expliquer à ses fidèles l’importance des sacrements, il disait : « Si nous
n’avions pas le sacrement de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre-Seigneur. Qui
est-ce qui l’a mis là, dans le tabernacle ? Le prêtre. Qui est-ce qui a reçu
notre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui
donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à
paraître devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang
de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à
mourir [à cause du péché], qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et
la paix ? Encore le prêtre… Après Dieu, le prêtre c’est tout… Le prêtre ne
se comprendra bien que dans le ciel ». Ces affirmations, jaillies du cœur
sacerdotal du saint curé, peuvent nous sembler excessives. Elles manifestent
toutefois en quelle haute considération il tenait le sacrement du sacerdoce.
Il semblait submergé par le sentiment d’une responsabilité sans bornes :
« Si l’on comprenait bien le prêtre sur la terre, on mourrait non de
frayeur, mais d’amour … Sans le prêtre, la mort et la passion de
Notre-Seigneur ne serviraient de rien… C’est le prêtre qui continue l’œuvre
de Rédemption, sur la terre… A quoi servirait une maison remplie d’or, si
vous n’aviez personne pour ouvrir la porte ? Le prêtre a la clef des trésors
célestes : c’est lui qui ouvre la porte ; il est l’économe du bon Dieu,
l’administrateur de ses biens…. Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre :
on y adorera les bêtes… Le prêtre n’est pas prêtre pour lui… il est pour
vous ».
Il était arrivé à Ars, un
petit village de 230 habitants, prévenu par l’Évêque qu’il y aurait trouvé
une situation religieuse précaire : « Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu
dans cette paroisse, vous l’y mettrez ». Il était donc pleinement conscient
qu’il devait y aller pour y incarner la présence du Christ, témoignant de sa
tendresse salvifique : « [Mon Dieu], accordez-moi la conversion de ma
paroisse ; je consens à souffrir ce que vous voulez tout le temps de ma
vie ! », c’est par cette prière qu’il commença sa mission. Le Saint Curé se
consacra à la conversion de sa paroisse de toutes ses forces, donnant la
première place dans ses préoccupations à la formation chrétienne du peuple
qui lui était confié. Chers frères dans le Sacerdoce, demandons au Seigneur
Jésus la grâce de pouvoir apprendre nous aussi la méthode pastorale de saint
Jean-Marie Vianney ! Ce que nous devons apprendre en tout premier lieu c’est
sa totale identification à son ministère. En Jésus, Personne et Mission
tendent à coïncider : toute son action salvifique était et est expression de
son « Moi filial » qui, de toute éternité, se tient devant le Père dans une
attitude de soumission pleine d’amour à sa volonté. Dans une humble mais
réelle analogie, le prêtre lui aussi doit tendre à cette identification. Il
ne s’agit pas évidemment d’oublier que l’efficacité substantielle du
ministère demeure indépendante de la sainteté du ministre ; mais on ne peut
pas non plus ignorer l’extraordinaire fécondité produite par la rencontre
entre la sainteté objective du ministère et celle, subjective, du ministre.
Le Saint Curé d’Ars se livra immédiatement à cet humble et patient travail
d’harmonisation entre sa vie de ministre et la sainteté du ministère qui lui
était confié, allant jusqu’à décider d’« habiter »
matériellement dans son église paroissiale : « A peine arrivé, il choisit
l’église pour être sa demeure… Il entrait dans l’église avant l’aube et il
n’en sortait qu’après l’Angelus du soir. C’est là qu’il fallait le chercher
si l’on avait besoin de lui », peut-on lire dans sa première biographie.
La pieuse exagération du
dévoué hagiographe ne doit pas nous induire à négliger le fait que le Saint
Curé sut aussi « habiter » activement tout le territoire de sa paroisse : il
rendait visite de manière systématique à tous les malades et aux familles ;
il organisait des missions populaires et des fêtes patronales ; il
recueillait et administrait des dons en argent pour ses œuvres charitables
et missionnaires ; il embellissait son église en la dotant d’objets sacrés ;
il s’occupait des orphelines de la « Providence » (un Institut qu’il
avait fondé) et de leurs éducatrices ; il s’intéressait à l’éducation des
enfants ; il créait des confréries et invitait les laïcs à collaborer avec
lui.
Son exemple me pousse à
évoquer les espaces de collaboration que l’on doit ouvrir toujours davantage
aux fidèles laïcs, avec lesquels les prêtres forment l’unique peuple
sacerdotal et au milieu desquels, en raison du sacerdoce ministériel, ils se
trouvent « pour les conduire tous à l’unité dans l’amour "s’aimant les uns
les autres d’un amour fraternel, rivalisant d’égards entre eux" (Rm
12, 10) ». Il convient de se souvenir, dans ce contexte, comment le Concile
Vatican II encourageait chaleureusement les prêtres à « reconnaître
sincèrement et à promouvoir la dignité des laïcs et la part propre qu’ils
prennent dans la mission de l'Église… Ils doivent écouter de bon cœur les
laïcs, en prenant fraternellement en considération leurs désirs, et en
reconnaissant leur expérience et leur compétence dans les divers domaines de
l’activité humaine, afin de pouvoir discerner avec eux les signes des
temps ».
Le Saint Curé enseignait
surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie. A son exemple, les
fidèles apprenaient à prier, s’arrêtant volontiers devant le tabernacle pour
faire une visite à Jésus Eucharistie. « On n’a pas besoin de tant parler
pour bien prier – leur expliquait le Curé – On sait que le bon Dieu est là,
dans le saint Tabernacle ; on lui ouvre son cœur ; on se complaît en sa
présence. C’est la meilleure prière, celle-là ». Et il les exhortait :
« Venez à la communion, venez à Jésus, venez vivre de lui, afin de vivre
pour lui ». « C’est vrai, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez
besoin ! ». Cette éducation des fidèles à la présence eucharistique
et à la communion revêtait une efficacité toute particulière, quand les
fidèles le voyaient célébrer le saint sacrifice de la Messe. Ceux qui y
assistaient disaient « qu’il n’était pas possible de voir un visage qui
exprime à ce point l’adoration… Il contemplait l’Hostie avec tant d’amour ».
« Toutes les bonnes œuvres réunies – disait-il – n’équivalent pas au
sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la
sainte messe est l’œuvre de Dieu ». Il était convaincu que toute la ferveur
de la vie d’un prêtre dépendait de la Messe : « La cause du relâchement du
prêtre, c’est qu’on ne fait pas attention à la messe ! Hélas ! Mon Dieu !
qu’un prêtre est à plaindre quand il fait cela comme une chose
ordinaire ! ». Et il avait pris l’habitude, quand il célébrait, d’offrir
toujours le sacrifice de sa propre vie : « Oh ! qu’un prêtre fait bien de
s’offrir à Dieu en sacrifice tous les matins ».
Cette identification
personnelle au sacrifice de la Croix le conduisait – d’un seul mouvement
intérieur – de l’autel au confessionnal. Les prêtres ne devraient jamais se
résigner à voir les confessionnaux désertés ni se contenter de constater la
désaffection des fidèles pour ce sacrement. Au temps du Saint Curé, en
France, la confession n’était pas plus facile ni plus fréquente que de nos
jours, compte tenu du fait que la tourmente de la Révolution avait étouffé
pendant longtemps la pratique religieuse. Mais il s’est efforcé, de toutes
les manières : par la prédication, en cherchant à persuader par ses
conseils, à faire redécouvrir à ses paroissiens le sens et la beauté de la
Pénitence sacramentelle, en montrant comment elle est une exigence intime de
la Présence eucharistique. Il sut ainsi donner vie à un cercle vertueux.
Par ses longues permanences à l’église, devant le tabernacle, il fit en
sorte que les fidèles commencent à l’imiter, s’y rendant pour rendre visite
à Jésus, et qu’ils soient en même temps sûrs d’y trouver leur curé,
disponible pour l’écoute et le pardon. Par la suite, la foule croissante des
pénitents qui venaient de la France entière, le retint au confessionnal
jusqu’à 16 heures par jour. On disait alors qu’Ars était devenu « le grand
hôpital des âmes ». « La grâce qu’il obtenait [pour la conversion des
pécheurs] était si puissante qu’elle allait à leur recherche sans leur
laisser un moment de répit » dit le premier biographe. C’est bien ce que
pensait le Saint Curé quand il disait : « Ce n’est pas le pécheur qui
revient à Dieu pour lui demander pardon ; mais c’est Dieu lui-même qui court
après le pécheur et qui le fait revenir à lui ». « Ce bon sauveur est si
rempli d’amour pour nous qu’il nous cherche partout ! ».
Nous tous, prêtres, nous
devrions réaliser que les paroles qu’il mettait dans la bouche du Christ
nous concernent personnellement : « Je chargerai mes ministres de leur
annoncer que je suis toujours prêt à les recevoir, que ma miséricorde est
infinie ». Du Saint Curé d’Ars, nous pouvons apprendre, nous prêtres, non
seulement une inépuisable confiance dans le sacrement de la Pénitence au
point de nous inciter à le remettre au centre de nos préoccupations
pastorales, mais aussi une méthode pour le « dialogue de salut » qui doit
s’établir en lui. Le Curé d’Ars avait une manière différente de se comporter
avec les divers pénitents. Celui qui s’approchait de son confessionnal
attiré par un besoin intime et humble du pardon de Dieu, trouvait en lui
l’encouragement à se plonger dans « le torrent de la divine miséricorde »
qui emporte tout dans son élan. Et si quelqu’un s’affligeait de sa faiblesse
et de son inconstance, craignant les rechutes à venir, le Curé lui révélait
le secret de Dieu par une expression d’une touchante beauté : « Le bon Dieu
sait toutes choses. D’avance, il sait qu’après vous être confessé, vous
pécherez de nouveau et cependant il vous pardonne. Quel amour que celui de
notre Dieu qui va jusqu’à oublier volontairement l’avenir pour nous
pardonner ! ». A celui qui, à l’inverse, s’accusait avec tiédeur et de
manière presque indifférente, il offrait, par ses larmes, la preuve de la
souffrance et de la gravité que causait cette attitude « abominable » : « Je
pleure de ce que vous ne pleurez pas », disait-il. « Encore, si le bon Dieu
n’était si bon, mais il est si bon. Faut-il que l’homme soit barbare
pour un si bon Père ». Il faisait naître le repentir dans le cœur des
tièdes, en les obligeant à voir, de leurs propres yeux et presque
« incarnée » sur le visage du prêtre qui les confessait, la souffrance de
Dieu devant les péchés. Par contre, si quelqu’un se présentait avec un désir
déjà éveillé d’une vie spirituelle plus profonde et qu’il en était capable,
il l’introduisait dans les profondeurs de l’amour, exposant l’indicible
beauté que représente le fait de pouvoir vivre unis à Dieu et en sa
présence : « Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à
Dieu… Oh ! que c’est beau ! ». A ceux-là, il enseignait à prier : « Mon
Dieu, faites-moi la grâce de vous aimer autant qu’il est possible que je
vous aime ».
Le Curé d’Ars, en son temps, a
su transformer le cœur et la vie de tant de personnes, parce qu’il a réussi
à leur faire percevoir l’amour miséricordieux du Seigneur. Notre temps aussi
a un besoin urgent d’une telle annonce et d’un tel témoignage de la vérité
de l’Amour : Deus caritas est (1 Jn 4,8). Par la Parole et les
Sacrements de son Jésus, Jean-Marie Vianney savait édifier son peuple, même
si, souvent, il tremblait devant son incapacité personnelle, au point de
désirer plus d’une fois être délivré des responsabilités du ministère
paroissial dont il se sentait indigne. Toutefois, avec une obéissance
exemplaire, il demeura toujours à son poste, parce qu’il était dévoré de la
passion apostolique pour le salut des âmes. Il s’efforçait d’adhérer
totalement à sa vocation et à sa mission en pratiquant une ascèse sévère :
« Ce qui est un grand malheur, pour nous autres curés – déplorait le saint
–, c’est que l’âme s’engourdit » ; et il faisait ainsi allusion au danger
que court le pasteur de s’habituer à l’état de péché ou d’indifférence dans
lequel se trouvent tant de ses brebis. Il maîtrisait son corps par des
veilles et des jeûnes, afin d’éviter qu’il n’oppose résistance à son âme
sacerdotale. Et il n’hésitait pas à s’infliger des mortifications pour le
bien des âmes qui lui étaient confiées et pour contribuer à l’expiation de
tant de péchés entendus en confession. A un confrère prêtre, il expliquait :
« Je vais vous dire ma recette. Je leur donne une petite pénitence et je
fais le reste à leur place ». Par-delà ces pénitences concrètes auxquelles
le Curé d’Ars se livrait, le noyau central de son enseignement demeure
toujours valable pour tous : Jésus verse son sang pour les âmes et le prêtre
ne peut se consacrer à leur salut s’il refuse de participer personnellement
à ce « prix élevé » de la rédemption.
Dans le monde d’aujourd’hui,
comme dans les temps difficiles du Curé d’Ars, il faut que les prêtres, dans
leur vie et leur action, se distinguent par la force de leur témoignage
évangélique. Paul VI faisait remarquer avec justesse : « L’homme
contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou, s’il
écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ». Pour éviter que
ne surgisse en nous un vide existentiel et que ne soit compromise
l’efficacité de notre ministère, il faut que nous nous interrogions toujours
de nouveau : « Sommes-nous vraiment imprégnés de la Parole de Dieu ?
Est-elle vraiment la nourriture qui nous fait vivre, plus encore que le pain
et les choses de ce monde ? La connaissons-nous vraiment ? L’aimons-nous ?
Intérieurement, nous préoccupons-nous de cette parole au point qu’elle
façonne réellement notre vie et informe notre pensée ? ». Tout comme Jésus
appela les Douze pour qu’ils demeurent avec lui (cf. Mc 3,14) et que,
après seulement, il les envoya prêcher, de même, de nos jours, les prêtres
sont appelés à assimiler ce « nouveau style de vie » qui a été inauguré par
le Seigneur Jésus et qui est devenu précisément celui des Apôtres.
C’est cette même adhésion sans
réserve au « nouveau style de vie » qui fut la marque de l’engagement du
Curé d’Ars dans tout son ministère. Le Pape Jean XXIII, dans l’Encyclique
Sacerdotii nostri primordia, publiée en 1959 à l’occasion du premier
centenaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney, présentait sa physionomie
ascétique sous le signe des « trois conseils évangéliques », qu’il jugeait
nécessaires aussi pour les prêtres : « Si pour atteindre à cette sainteté de
vie, la pratique des conseils évangéliques n’est pas imposée au prêtre en
vertu de son état clérical, elle s’offre néanmoins à lui, comme à tous les
disciples du Seigneur, comme la voie royale de la sanctification
chrétienne ». Le Curé d’Ars sut vivre les « conseils évangéliques » selon
des modalités adaptées à sa condition de prêtre. Sa pauvreté, en
effet, ne fut pas celle d’un religieux ou d’un moine, mais celle qui est
demandée à un prêtre : tout en gérant de grosses sommes d’argent (puisque
les pèlerins les plus riches ne manquaient pas de s’intéresser à ses œuvres
de charité), il savait que tout était donné pour son église, pour les
pauvres, pour ses orphelins et pour les enfants de sa « Providence »,
et pour les familles les plus nécessiteuses. Donc, il « était riche pour
donner aux autres, et bien pauvre pour lui-même ». Il expliquait : « Mon
secret est bien simple, c’est de tout donner et de ne rien garder ». Quand
il lui arrivait d’avoir les mains vides, content, il disait aux pauvres qui
s’adressaient à lui : « Je suis pauvre comme vous ; je suis aujourd’hui l’un
des vôtres ». Ainsi, à la fin de sa vie, il put affirmer dans une totale
sérénité : « Je n’ai plus rien, le bon Dieu peut m’appeler quand il
voudra ». Sa chasteté était aussi celle qui était demandée à un
prêtre pour son ministère. On peut dire qu’il s’agissait de la chasteté
nécessaire à celui qui doit habituellement toucher l’Eucharistie et qui
habituellement la contemple avec toute l’ardeur du cœur et qui, avec la même
ferveur, la donne à ses fidèles. On disait de lui que « la chasteté brillait
dans son regard », et les fidèles s’en rendaient compte quand il se tournait
vers le tabernacle avec le regard d’un amoureux. De même, l’obéissance
de saint Jean-Marie Vianney fut entièrement incarnée dans son adhésion à
toutes les souffrances liées aux exigences quotidiennes du ministère. On
sait combien il était tourmenté par la pensée de son incapacité pour le
ministère paroissial et par son désir de fuir « pour pleurer dans la
solitude sur sa pauvre vie ». L’obéissance seule, et sa passion pour les
âmes, réussissaient à le convaincre de rester à son poste. Il montrait à ses
fidèles, comme à lui-même qu’il « n’y a pas deux bonnes manières de servir
Notre Seigneur, il n’y en a qu’une, c’est de le servir comme il veut être
servi ». Il lui semblait que la règle d’or pour une vie d’obéissance fut
celle-ci : « Ne faire que ce que l’on peut offrir au bon Dieu ».
Dans ce contexte d’une
spiritualité nourrie par la pratique des conseils évangéliques, je tiens à
adresser aux prêtres, en cette Année qui leur est consacrée, une invitation
cordiale, celle de savoir accueillir le nouveau printemps que l’Esprit
suscite de nos jours dans l'Église, en particulier grâce aux Mouvements
ecclésiaux et aux nouvelles Communautés. « L’Esprit dans ses dons prend de
multiples formes… Il souffle où il veut. Il le fait de manière inattendue,
dans des lieux inattendus et sous des formes qu’on ne peut imaginer à
l’avance… Il nous démontre également qu’il œuvre en vue de l’unique corps et
dans l’unité de l’unique corps ». Ce que dit à cet égard le Décret
Presbyterorum ordinis est d’actualité : « Eprouvant les esprits pour
savoir s’ils sont de Dieu, ils [les prêtres] chercheront à déceler, avec le
sens de la foi, les charismes multiformes des laïcs, qu’ils soient humbles
ou éminents, les reconnaîtront avec joie et les développeront avec un zèle
empressé ». Ces mêmes dons, qui poussent bien des personnes vers une vie
spirituelle plus élevée, sont profitables non seulement pour les fidèles
laïcs mais pour les ministres eux-mêmes. C’est de la communion entre
ministres ordonnés et charismes que peut naître « un élan précieux pour un
engagement renouvelé de l'Église au service de l’annonce et du témoignage de
l’Évangile de l’espérance et de la charité partout à travers le monde ». Je
voudrais encore ajouter, dans la ligne de l’Exhortation apostolique
Pastores dabo vobis du Pape Jean-Paul II, que le ministère ordonné a une
« forme communautaire » radicale et qu’il ne peut être accompli que
dans la communion des prêtres avec leur Évêque. Il faut que cette communion
des prêtres entre eux et avec leur Évêque, enracinée dans le sacrement de
l’Ordre et manifestée par la concélébration eucharistique, se traduise dans
les diverses formes concrètes d’une fraternité effective et affective. Ainsi
seulement, les prêtres pourront-ils vivre en plénitude le don du célibat et
seront-ils capables de faire épanouir des communautés chrétiennes au sein
desquelles se renouvellent les prodiges de la première prédication de
l’Évangile.
L’Année paulinienne qui arrive
à sa fin nous invite à considérer encore la figure de l’Apôtre des Gentils
dans laquelle brille à nos yeux un modèle splendide de prêtre complètement
« donné » à son ministère. « L’amour du Christ nous presse – écrivait-il – à
la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts » (2
Co, 5, 14) et il ajoutait : « Il est mort pour tous, afin que les
vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et
ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15). Quel meilleur programme pourrait
être proposé à un prêtre qui s’efforce de progresser sur le chemin de la
perfection chrétienne ?
Chers prêtres, la célébration
du 150e anniversaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney
(1859) vient immédiatement après les célébrations achevées il y a peu du 150e
anniversaire des apparitions de Lourdes (1858). Déjà en 1959, le bienheureux
Pape Jean XXIII l’avait remarqué : « Peu avant que le Curé d’Ars n’achevât
sa longue carrière pleine de mérites, [la Vierge Immaculée] était apparue
dans une autre région de France à une enfant humble et pure pour lui
communiquer un message de prière et de pénitence, dont on sait l’immense
retentissement spirituel depuis un siècle. En vérité, l’existence du saint
prêtre dont nous célébrons la mémoire, était à l’avance une vivante
illustration des grandes vérités surnaturelles enseignées à la voyante de
Massabielle ! Il avait lui-même pour l’Immaculée Conception de la Très
Sainte Vierge une très vive dévotion, lui qui, en 1836, avait consacré sa
paroisse à Marie conçue sans péché et devait accueillir avec tant de foi et
de joie la définition dogmatique de 1854 ». Le Saint Curé rappelait toujours
à ses fidèles que « Jésus-Christ, après nous avoir donné tout ce qu’il
pouvait nous donner, veut encore nous faire héritiers de ce qu’il y a de
plus précieux, c’est-à-dire sa Sainte Mère ».
Je confie cette Année
sacerdotale à la Vierge Sainte, lui demandant de susciter dans l’âme de
chaque prêtre un renouveau généreux de ces idéaux de donation totale au
Christ et à l'Église qui ont inspiré la pensée et l’action du Saint Curé
d’Ars. La fervente vie de prière et l’amour passionné de Jésus crucifié ont
nourri le don quotidien et sans réserve de Jean-Marie Vianney à Dieu et à
l'Église. Puisse son exemple susciter parmi les prêtres ce témoignage
d’unité avec l’Évêque, entre eux et avec les laïcs, qui est si nécessaire
aujourd’hui, comme en tout temps. Malgré le mal qui se trouve dans le monde,
la parole du Christ à ses Apôtres au Cénacle résonne toujours avec la même
force d’actualité : « Dans le monde, vous aurez à souffrir, mais gardez
courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33). La foi dans le divin
Maître nous donne la force de regarder l’avenir avec confiance. Chers
prêtres, le Christ compte sur vous. A l’exemple du Saint Curé d’Ars,
laissez-vous conquérir par Lui et vous serez vous aussi, dans le monde
d’aujourd’hui, des messagers d’espérance, de réconciliation et de paix !
Avec ma bénédiction.
Du Vatican, le 16 juin
2009.
BENEDICTUS
PP. XVI
Pour
ceux qui n’ont pas pu venir à la soirée du mardi saint à Sainte-Odile sur le
Pape, l’Église, le monde et nous; la radicalité évangélique est elle encore
soluble dans le bouillon médiatique? cf:
http://sainteodilejeunes.net/7-avril-2009
Les médias africains déplorent l’attitude des médias
occidentaux
Pendant la visite du pape en Afrique
ROME, Mardi 24 mars 2009 (ZENIT.org)
- « Le Cameroun vient de boucler avec une réussite insolente la troisième
visite papale de son histoire », lit-on dans le
Cameroon Tribune, après les quatre jours de visite de Benoît XVI sur le
sol camerounais, qui déplore en même temps la polémique engagée par les
médias occidentaux contre le pape durant cette visite.
« Le Cameroun et l'Afrique ont vécu quatre jours si intenses et si
magiques, qu'ils peinent encore à en jauger l'insondable portée », souligne
Marie-Claire Nnana dans son article, convaincue que cette visite du pape en
Afrique est « une visite à succès, et un événement majeur qui marquera
l'Eglise et tout le continent ».
« En posant l'acte d'amour que constitue sa visite, en nous assurant de
l'amour de Dieu, nous les damnés de la terre, le pape nous comble
d'espérance », souligne la journaliste.
Mais « on ne décrira jamais assez le rapt inélégant et la parfaite
imposture des médias européens et en particulier français sur cette
visite », souligne-t-elle. « C'était le temps de l'Afrique. L'Afrique
n'aspirait qu'à la communion spirituelle et à la fête. Nos confrères se sont
évertués à ne mettre en lumière que les aspects les plus anecdotiques de
cette visite, les chiens écrasés, l'écume des jours », ajoute-t-elle.
« Pas un mot sur le synode des évêques africains à venir, ni sur le
document préparé à cet égard par le pape », commente-t-elle. « Ils ont
parasité les ondes avec une polémique qu'ils ont créée de toute pièce. Car
en sortant de son contexte la déclaration du pape sur le préservatif, ils en
ont dénaturé la substance ».
Autre exemple de sabotage stratégique reproché aux médias occidentaux :
avoir cherché, en Angola, à « éclipser le message apostolique en montant en
épingle une déclaration sur l'avortement thérapeutique ».
« En résumant huit jours de visite en deux petites phrases, de préférence
celles susceptibles de remuer une opinion publique formatée, il y a un
risque de caricaturer et de fausser le message », souligne-t-elle. Et le
comble pour la journaliste c'est lorsque « ces médias déclarent parler au
nom des Africains ».
« Non, merci, chers confrères, vous parlez pour vous-mêmes, et pour votre
public. Les Africains sont assez grands pour déchiffrer et critiquer, au
besoin, les messages du pape, afin d'en tirer la substantifique moelle. ».
De plus, estime-t-elle, « les débats autour du SIDA et de l'avortement
sont trop importants pour les biaiser de cette manière, en les réduisant à
une polémique médiatique ».
« Si nous décrions cet opportunisme chez nos confrères, ce n'est pas que
ces questions indiffèrent les Africains que nous sommes, précise la
journaliste du
Cameroon Tribune, simplement, il nous semble peu fécond de vouloir
infléchir les prises de positions papales, parce qu'elles découlent des
principes moraux et de valeurs dictés par les évangiles dont il est le
gardien ».
« Le pape, que les médias décrivent comme austère et peu charismatique,
nous a paru au contraire sensible à nos démonstrations bruyantes et
sincères », poursuit-elle. « Il les a reçues dans le tempérament qui est le
sien : tout en retenue, le geste peu emphatique, le regard ardent ».
En conclusion la journaliste pense que « Benoît XVI en aura bien besoin »
de l'affection des fidèles Africains pour continuer sereinement sa mission,
dans une Europe, dit-elle, « dont il est le fils biologique, mais non pas
spirituel puisque cette Europe nie désormais la dimension spirituelle du
monde ».
Isabelle Cousturié
A PROPOS
DE LA LEVEE DE L’EXCOMMUNICATION
DE
QUATRE EVÊQUES DE LA FRATERNITE SAINT-PIE X
Les
nombreuses réactions enregistrées à l’occasion de la levée de
l’excommunication encourue latae sententiae par les quatre évêques ordonnés
le 30 juin 1988 par Mgr Lefebvre invitent à ne pas se laisser piéger par le
tourbillon médiatique réducteur et déformant et de prendre avec calme la
mesure de cette importante décision du Saint Père.
Les
paroissiens de Sainte-Odile vivent depuis deux décennies environ l’unité de
la foi dans l’expression des sensibilités liturgiques grâce à la célébration
de l’Eucharistie selon la forme ordinaire (Missel dit de Paul VI) et la
forme extraordinaire (Missel de Jean XXIII, réforme de 1962) définies par le
Motu Proprio de Benoît XVI.
Cette
expérience menée sous la houlette de nos pasteurs, le Cardinal Lustiger qui
en a été l’initiateur et le Cardinal Vingt-Trois, notre Archevêque, montre
que le chemin de l’unité dans la charité est possible et répond à la mission
confiée par le Christ à son Eglise : « que tous, ils soient un, comme
toi, Père, tu es en moi, et moi en toi » (Jean 17,21).
C’est
incontestablement ce désir du Christ au seuil de sa Passion qui fonde la
décision du Saint Père prise à la fin de la Semaine de prière pour l’unité
des Chrétiens.
Les
textes qui suivent :
- l’explication claire et argumentée de
notre Archevêque
- le Décret de la Congrégation pour les
Evêques du 21 janvier 2009,
demandent à être lus avec attention et accueillis dans la prière.
Cette
levée de l’excommunication n’est pas une fin mais le début d’un processus de
dialogue qui sera certainement long et difficile. Les propos scandaleux et
inacceptables de Mgr Williamson niant le drame de la shoah montrent que la
conversion des cœurs et des esprits devra être profonde et sans ambiguïté.
J’invite tous les paroissiens de Sainte-Odile à porter dans la prière et la
pénitence le long travail de réconciliation qui doit être entrepris afin
qu’il puisse déboucher sur la vérité de l’unité dans la charité selon le
cœur du Christ.
Mgr Claude RECHAIN, curé
cf :
Communiqué
de presse du Saint Siège,
Lettre ouverte à ceux qui veulent
bien réfléchir... »
de Mgr Hippolyte SIMON, Archevêque de Clermont
-
Lettre de sa sainteté benoît xvi aux évêques de l’église catholique
Du Vatican, le 10 mars
2009
LETTRE DE SA
SAINTETÉ BENOÎT XVI AUX ÉVÊQUES DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE
au sujet de la
levée de l’excommunication des quatre Évêques consacrés par Mgr Lefebvre
Chers Confrères dans le ministère
épiscopal !
La
levée de l’excommunication des quatre Évêques, consacrés en 1988 par
Mgr Lefebvre sans mandat du Saint-Siège, a suscité, pour de multiples raisons,
au sein et en dehors de l’Église catholique une discussion d’une véhémence
telle qu’on n’en avait plus connue depuis très longtemps. Cet événement,
survenu à l’improviste et difficile à situer positivement dans les questions
et dans les tâches de l’Église d’aujourd’hui, a laissé perplexes de nombreux
Évêques. Même si beaucoup d’Évêques et de fidèles étaient disposés, à priori,
à considérer positivement la disposition du Pape à la réconciliation,
néanmoins la question de l’opportunité d’un tel geste face aux vraies urgences
d’une vie de foi à notre époque s’y opposait. Inversement, certains groupes
accusaient ouvertement le Pape de vouloir revenir en arrière, au temps d’avant
le Concile : d’où le déchaînement d’un flot de protestations, dont l’amertume
révélait des blessures remontant au-delà de l’instant présent. C’est pourquoi
je suis amené, chers Confrères, à vous fournir quelques éclaircissements, qui
doivent aider à comprendre les intentions qui m’ont guidé moi-même ainsi que
les organes compétents du Saint-Siège à faire ce pas. J’espère contribuer
ainsi à la paix dans l’Église.
Le fait
que le cas Williamson se soit superposé à la levée de l’excommunication a été
pour moi un incident fâcheux imprévisible. Le geste discret de miséricorde
envers quatre Évêques, ordonnés validement mais non légitimement, est apparu
tout à coup comme totalement différent : comme le démenti de la réconciliation
entre chrétiens et juifs, et donc comme la révocation de ce que le Concile
avait clarifié en cette matière pour le cheminement de l’Église. Une
invitation à la réconciliation avec un groupe ecclésial impliqué dans un
processus de séparation se transforma ainsi en son contraire : un apparent
retour en arrière par rapport à tous les pas de réconciliation entre chrétiens
et juifs faits à partir du Concile — pas dont le partage et la promotion
avaient été dès le début un objectif de mon travail théologique personnel. Que
cette superposition de deux processus opposés soit advenue et qu’elle ait
troublé un moment la paix entre chrétiens et juifs ainsi que la paix à
l’intérieur de l’Église, est une chose que je ne peux que déplorer
profondément. Il m’a été dit que suivre avec attention les informations
auxquelles on peut accéder par Internet aurait permis d’avoir rapidement
connaissance du problème. J’en tire la leçon qu’à l’avenir au Saint-Siège nous
devrons prêter davantage attention à cette source d’informations. J’ai été
peiné du fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir
ce qu’il en était, aient pensé devoir m’offenser avec une hostilité prête à se
manifester. C’est justement pour cela que je remercie d’autant plus les amis
juifs qui ont aidé à dissiper rapidement le malentendu et à rétablir
l’atmosphère d’amitié et de confiance, qui — comme du temps du Pape
Jean-Paul II — comme aussi durant toute la période de mon pontificat a existé
et, grâce à Dieu, continue à exister.
Une
autre erreur, qui m’attriste sincèrement, réside dans le fait que la portée et
les limites de la mesure du 21 janvier 2009 n’ont pas été commentées de façon
suffisamment claire au moment de sa publication. L’excommunication touche des
personnes, non des institutions. Une ordination épiscopale sans le mandat
pontifical signifie le danger d’un schisme, parce qu’elle remet en question
l’unité du collège épiscopal avec le Pape. C’est pourquoi l’Église doit réagir
par la punition la plus dure, l’excommunication, dans le but d’appeler les
personnes punies de cette façon au repentir et au retour à l’unité. Vingt ans
après les ordinations, cet objectif n’a malheureusement pas encore été
atteint. La levée de l’excommunication vise le même but auquel sert la
punition : inviter encore une fois les quatre Évêques au retour. Ce geste
était possible une fois que les intéressés avaient exprimé leur reconnaissance
de principe du Pape et de son autorité de Pasteur, bien qu’avec des réserves
en matière d’obéissance à son autorité doctrinale et à celle du Concile. Je
reviens par là à la distinction entre personne et institution. La levée de
l’excommunication était une mesure dans le domaine de la discipline
ecclésiastique : les personnes étaient libérées du poids de conscience que
constitue la punition ecclésiastique la plus grave. Il faut distinguer ce
niveau disciplinaire du domaine doctrinal. Le fait que la Fraternité
Saint-Pie X n’ait pas de position canonique dans l’Église, ne se base pas en
fin de comptes sur des raisons disciplinaires mais doctrinales. Tant que la
Fraternité n’a pas une position canonique dans l’Église, ses ministres non
plus n’exercent pas de ministères légitimes dans l’Église. Il faut ensuite
distinguer entre le niveau disciplinaire, qui concerne les personnes en tant
que telles, et le niveau doctrinal où sont en question le ministère et
l’institution. Pour le préciser encore une fois : tant que les questions
concernant la doctrine ne sont pas éclaircies, la Fraternité n’a aucun statut
canonique dans l’Église, et ses ministres — même s’ils ont été libérés de la
punition ecclésiastique — n’exercent de façon légitime aucun ministère dans
l’Église.
À la
lumière de cette situation, j’ai l’intention de rattacher à l’avenir la
Commission pontificale " Ecclesia Dei " — institution compétente, depuis 1988,
pour les communautés et les personnes qui, provenant de la Fraternité
Saint-Pie X ou de regroupements semblables, veulent revenir à la pleine
communion avec le Pape — à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il
devient clair ainsi que les problèmes qui doivent être traités à présent sont
de nature essentiellement doctrinale et regardent surtout l’acceptation du
Concile Vatican II et du magistère post-conciliaire des Papes. Les organismes
collégiaux avec lesquels la Congrégation étudie les questions qui se
présentent (spécialement la réunion habituelle des Cardinaux le mercredi et
l’Assemblé plénière annuelle ou biennale) garantissent l’engagement des
Préfets des diverses Congrégations romaines et des représentants de
l’Épiscopat mondial dans les décisions à prendre. On ne peut geler l’autorité
magistérielle de l’Église à l’année 1962 — ceci doit être bien clair pour la
Fraternité. Cependant, à certains de ceux qui se proclament comme de grands
défenseurs du Concile, il doit aussi être rappelé que Vatican II renferme
l’entière histoire doctrinale de l’Église. Celui qui veut obéir au Concile,
doit accepter la foi professée au cours des siècles et il ne peut couper les
racines dont l’arbre vit.
J’espère, chers Confrères, qu’ainsi a été éclaircie la signification positive
ainsi que les limites de la mesure du 21 janvier 2009. Cependant demeure à
présent la question : cette mesure était-elle nécessaire ? Constituait-elle
vraiment une priorité ? N’y a-t-il pas des choses beaucoup plus importantes ?
Il y a certainement des choses plus importantes et plus urgentes. Je pense
avoir souligné les priorités de mon Pontificat dans les discours que j’ai
prononcés à son début. Ce que j’ai dit alors demeure de façon inaltérée ma
ligne directive. La première priorité pour le Successeur de Pierre a été fixée
sans équivoque par le Seigneur au Cénacle : « Toi… affermis tes frères » (Lc
22,32). Pierre lui-même a formulé de façon nouvelle cette priorité dans sa
première Lettre : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant
tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous »
(I P 3,15). À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi
risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la
priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir
aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a
parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour
poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13,1) — en Jésus Christ crucifié et
ressuscité. En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu
disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière
provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs
s’en manifestent toujours plus en son sein.
Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible : c’est la
priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre
aujourd’hui. D’où découle, comme conséquence logique, que nous devons avoir à
cœur l’unité des croyants. En effet, leur discorde, leur opposition interne
met en doute la crédibilité de ce qu’ils disent de Dieu. C’est pourquoi
l’effort en vue du témoignage commun de foi des chrétiens — par l’œcuménisme —
est inclus dans la priorité suprême. À cela s’ajoute la nécessité que tous
ceux qui croient en Dieu recherchent ensemble la paix, tentent de se
rapprocher les uns des autres, pour aller ensemble, même si leurs images de
Dieu sont diverses, vers la source de la Lumière — c’est là le dialogue
interreligieux. Qui annonce Dieu comme Amour "jusqu’au bout" doit donner le
témoignage de l’amour : se consacrer avec amour à ceux qui souffrent,
repousser la haine et l’inimitié — c’est la dimension sociale de la foi
chrétienne, dont j’ai parlé dans l’encyclique Deus caritas est.
Si donc
l’engagement ardu pour la foi, pour l’espérance et pour l’amour dans le monde
constitue en ce moment (et, dans des formes diverses, toujours) la vraie
priorité pour l’Église, alors les réconciliations petites et grandes en font
aussi partie. Que l’humble geste d’une main tendue soit à l’origine d’un grand
tapage, devenant ainsi le contraire d’une réconciliation, est un fait dont
nous devons prendre acte. Mais maintenant je demande : Était-il et est-il
vraiment erroné d’aller dans ce cas aussi à la rencontre du frère qui "a
quelque chose contre toi" (cf. Mt 5,23s.) et de chercher la
réconciliation ? La société civile aussi ne doit-elle pas tenter de prévenir
les radicalisations et de réintégrer — autant que possible — leurs éventuels
adhérents dans les grandes forces qui façonnent la vie sociale, pour en éviter
la ségrégation avec toutes ses conséquences ? Le fait de s’engager à réduire
les durcissements et les rétrécissements, pour donner ainsi une place à ce
qu’il y a de positif et de récupérable pour l’ensemble, peut-il être
totalement erroné ? Moi-même j’ai vu, dans les années qui ont suivi 1988, que,
grâce au retour de communautés auparavant séparées de Rome, leur climat
interne a changé ; que le retour dans la grande et vaste Église commune a fait
dépasser des positions unilatérales et a atténué des durcissements de sorte
qu’ensuite en ont émergé des forces positives pour l’ensemble. Une communauté
dans laquelle se trouvent 491 prêtres, 215 séminaristes, 6 séminaires, 88
écoles, 2 instituts universitaires, 117 frères, 164 sœurs et des milliers de
fidèles peut-elle nous laisser totalement indifférents ? Devons-nous
impassiblement les laisser aller à la dérive loin de l’Église ? Je pense par
exemple aux 491 prêtres. Nous ne pouvons pas connaître l’enchevêtrement de
leurs motivations. Je pense toutefois qu’ils ne se seraient pas décidés pour
le sacerdoce si, à côté de différents éléments déformés et malades, il n’y
avait pas eu l’amour pour le Christ et la volonté de L’annoncer et avec lui le
Dieu vivant. Pouvons-nous simplement les exclure, comme représentants d’un
groupe marginal radical, de la recherche de la réconciliation et de l’unité ?
Qu’en sera-t-il ensuite ?
Certainement, depuis longtemps, et puis à nouveau en cette occasion concrète,
nous avons entendu de la part de représentants de cette communauté beaucoup de
choses discordantes — suffisance et présomption, fixation sur des
unilatéralismes etc. Par amour de la vérité je dois ajouter que j’ai reçu
aussi une série de témoignages émouvants de gratitude, dans lesquels était
perceptible une ouverture des cœurs. Mais la grande Église ne devrait-elle pas
se permettre d’être aussi généreuse, consciente de la grande envergure qu’elle
possède ; consciente de la promesse qui lui a été faite ? Ne devrions-nous
pas, comme de bons éducateurs, être aussi capables de ne pas prêter attention
à différentes choses qui ne sont pas bonnes et nous préoccuper de sortir des
étroitesses ? Et ne devrions-nous pas admettre que dans le milieu ecclésial
aussi sont ressorties quelques discordances ? Parfois on a l’impression que
notre société a besoin d’un groupe au moins, auquel ne réserver aucune
tolérance ; contre lequel pouvoir tranquillement se lancer avec haine. Et si
quelqu’un ose s’en rapprocher — dans le cas présent le Pape — il perd lui
aussi le droit à la tolérance et peut lui aussi être traité avec haine sans
crainte ni réserve.
Chers
Confrères, durant les jours où il m’est venu à l’esprit d’écrire cette lettre,
par hasard, au Séminaire romain, j’ai dû interpréter et commenter le passage
de Ga 5,13-15. J’ai noté avec surprise la rapidité avec laquelle ces
phrases nous parlent du moment présent : "Que cette liberté ne soit pas un
prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire mettez-vous, par amour,
au service les uns des autres. Car toute la Loi atteint sa perfection dans un
seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous
allez vous détruire les uns les autres !" J’ai toujours été porté à considérer
cette phrase comme une des exagérations rhétoriques qui parfois se trouvent
chez saint Paul. Sous certains aspects, il peut en être ainsi. Mais
malheureusement ce "mordre et dévorer" existe aussi aujourd’hui dans l’Église
comme expression d’une liberté mal interprétée. Est-ce une surprise que nous
aussi nous ne soyons pas meilleurs que les Galates ? Que tout au moins nous
soyons menacés par les mêmes tentations ? Que nous devions toujours apprendre
de nouveau le juste usage de la liberté ? Et que toujours de nouveau nous
devions apprendre la priorité suprême : l’amour ? Le jour où j’en ai parlé au
grand Séminaire, à Rome, on célébrait la fête de la Vierge de la Confiance. De
fait : Marie nous enseigne la confiance. Elle nous conduit à son Fils, auquel
nous pouvons tous nous fier. Il nous guidera — même en des temps agités. Je
voudrais ainsi remercier de tout cœur tous ces nombreux Évêques, qui en cette
période m’ont donné des signes émouvants de confiance et d’affection et
surtout m’ont assuré de leur prière. Ce remerciement vaut aussi pour tous les
fidèles qui ces jours-ci m’ont donné un témoignage de leur fidélité immuable
envers le Successeur de saint Pierre. Que le Seigneur nous protège tous et
nous conduise sur le chemin de la paix ! C’est un souhait qui jaillit
spontanément du cœur en ce début du Carême, qui est un temps liturgique
particulièrement favorable à la purification intérieure et qui nous invite
tous à regarder avec une espérance renouvelée vers l’objectif lumineux de
Pâques.
Avec une particulière Bénédiction
Apostolique, je me redis
Vôtre dans le Seigneur
BENEDICTUS PP. XVI
DECRET DE LA CONGREGATION POUR LES EVEQUES
(Traduction rédaction
française de Radio Vatican)
« Dans une lettre
adressée, le 15 décembre 2008, à son Eminence le cardinal Dario Castrillon
Hoyos, président de la commission pontificale Ecclesia Dei, Monseigneur
Bernard Fellay, au nom des trois autres évêques consacrés le 30 juin 1988,
sollicitait de nouveau la levée de l’excommunication latae sententiae
déclarée officiellement par le Décret du Préfet de la Congrégation pour les
évêques publié le 1er juillet 1988. Dans cette lettre, monseigneur
Fellay affirme, entre autre : « Nous sommes toujours fermement déterminés
dans notre volonté de rester catholiques et de mettre toutes nos forces au
service de l’Eglise de Notre Seigneur Jésus Christ, qui est l’Eglise
catholique romaine. Nous acceptons ses enseignements dans un esprit filial.
Nous croyons fermement à la Primauté de Pierre et à ses prérogatives, et c’est
pour cela même que nous souffrons tant de l’actuelle situation. »
Sa Sainteté Benoît XVI –
sensible comme le serait un père au malaise spirituel manifesté par les
intéressés à cause de la sanction d’excommunication, et confiant en leur
volonté, exprimée dans la lettre citée auparavant, de ne ménager aucun effort
pour approfondir, via des colloques nécessaires avec les autorités du Saint
Siège, les questions qui restent en suspens afin de pouvoir parvenir
rapidement une pleine et satisfaisante solution au problème qui s’est posé à
l’origine – a décidé de reconsidérer la situation canonique des évêques,
Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de
Galarreta qui avait suivi leur consécration épiscopale.
Avec cet acte on désire
consolider les relations réciproques de confiance, intensifier et stabiliser
les rapports de la Fraternité Saint Pie X avec le Siège Apostolique. Ce don de
paix, au terme des célébrations de Noël, veut être aussi un signe pour
promouvoir l’unité dans la charité de l’Eglise universelle et arriver à
supprimer le scandale de la division.
On espère que ce pas sera
suivi de réalisation rapide de la pleine communion avec l’Eglise de toute la
Fraternité de Saint Pie X, témoignant ainsi de la vraie fidélité et de la
vraie reconnaissance du Magistère et de l’Autorité du Pape comme preuve de
l’unité visible.
En vertu des facultés
accordées par le Saint Père Benoît XVI, en vertu du présent décret, je remets
aux évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson
et Alfonso de Galarreta la levée de l’excommunication latae sententiae
décrétée par cette Congrégation le 1er juillet 1988, et je déclare
privé d’effet juridique, à partir de ce jour, le Décret émis à l’époque.
Rome, de la Congrégation
pour les évêques, 21 janvier 2009.
Card. Giovanni Battista Re
Préfet de la Congrégation
pour les évêques
COMMUNIQUE DE PRESSE DU SAINT SIEGE
(Traduction rédaction
française de Radio Vatican)
Le Saint-Père, à la suite
d’un processus de dialogue entre le Siège Apostolique et la Fraternité
Sacerdotale Saint Pie X, représentée par son Supérieur Général, S.E. Mons.
Bernard Fellay, a accueilli la requête formulée à nouveau par le dit Prélat,
dans une lettre du 15 décembre 2008, également au nom des trois autres Evêques
de la Fraternité, S.E. Mons. Tissier de Mallerais, S.E. Mons. Richard
Williamson et S.E. Mons. Alfonso de Gallareta, de lever l’excommunication
qu’ils avaient encourue il y a vingt ans.
A cause, en effet, des
consécrations épiscopales réalisées, en date du 30 juin 1988, par S.E. Mons.
Marcel Lefebvre, sans mandat pontifical, les quatre Prélats mentionnés avaient
encouru l’excommunication latae sententiae, prononcée formellement par
la Congrégation pour les Evêques en date du 1erjuillet 1988.
S.E. Mons. Bernard Fellay,
dans la lettre citée ci-dessus, manifestait clairement au Saint Père que :
« Nous sommes toujours fermement déterminés dans la volonté de rester
catholiques et de mettre toutes nos forces au service de l’Eglise de Notre
Seigneur Jésus-Christ, qui est l’Eglise catholique romaine. Nous acceptons ses
enseignements dans un esprit filial. Nous croyons fermement au Primat de
Pierre et à ses prérogatives, et c’est pour cette raison que la situation
actuelle nous fait tant souffrir ».
Sa Sainteté Benoît XVI,
qui a suivi depuis le début ce processus, a toujours cherché de résorber la
fracture avec la Fraternité, en rencontrant même personnellement S.E. Mons.
Bernard Fellay, le 29 août 2005. A cette occasion, le Souverain Pontife a
manifesté la volonté de procéder par étapes et en des temps raisonnables sur
ce chemin et maintenant, bénignement, avec sollicitude pastorale et
miséricorde paternelle, par le Décret de la Congrégation pour les Evêques du
21 janvier 2009, lève l’excommunication qui pesait sur les dits Prélats. Le
Saint Père a été inspiré dans cette décision par le souhait que l’on arrive au
plus vite à la complète réconciliation et à la pleine communion.
Du Vatican, 24 janvier
2009.
Le
cardinal André Vingt-Trois explique le décret de levée d'excommunication
Le cardinal André
Vingt-trois explique le décret de levée de l'excommunication dans un texte
publié cette semaine dans la Revue diocésaine Paris Notre-Dame
Le 24 janvier, a été
publié le décret qui lève l'excommunication prononcée contre les quatre
évêques ordonnés illicitement par Mgr Lefebvre en 1988. Le Pape Benoît XVI a
ainsi répondu à la demande faite par Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité St
Pie X, au nom des quatre évêques. Il y affirmait, entre autres, leur « ferme
détermination dans leur volonté de rester catholiques », leur « acceptation
des enseignements de l'Eglise » et leur « ferme croyance en la primauté de
Pierre et en ses prérogatives ».
En levant cette
excommunication, le Pape a ouvert une porte pour que s'engagent des
discussions sur la situation juridique de la Fraternité St Pie X. Cette
question n'est pas résolue par ce décret, qui vise seulement l'état personnel
des quatre évêques. Cette mesure ne concerne que les personnes. Elle ne
réhabilite pas ces évêques dans des juridictions qu'ils n'ont jamais eues.
L'évolution de la situation de la Fraternité dépendra des entretiens dont
parlent le décret. Cela prendra du temps.
Cet évènement important
peut troubler beaucoup de catholiques. La vitalité de l'Eglise et des
communautés paroissiales permet de l'assumer positivement. Il est une nouvelle
chance offerte pour surmonter les divisions et faire grandir l'unité de
l'Église. Cette décision du Pape a été rendue publique au cours de la semaine
de prière pour l'unité des chrétiens. Elle s'inscrit donc dans l'effort de
Benoît XVI pour exercer son ministère de communion. Je me réjouis quand
l'Église peut prendre une mesure de clémence et de miséricorde.
Les colloques annoncés
posent évidemment la question du respect de la Tradition de l'Eglise.
Reconnaître la primauté du Pape et vouloir la respecter ne permet pas de
s'ériger en juge de la Tradition. L'interprétation de la Tradition est un acte
du Magistère, du Pape et du Collège des Evêques, et non d'un groupe
particulier.
Par ailleurs, on doit
faire la distinction entre la levée d'excommunication et les propos
négationnistes historiquement et moralement insoutenables et scandaleux tenus
par Richard Williamson. Je partage l'émotion suscitée par cette déclaration et
assure la communauté juive de notre détermination à poursuivre le dialogue
fraternel engagé depuis tant d'années.
La sentence romaine
concerne les conséquences de l'ordination de 1988 et n'avalise en rien ce que
sont et disent ces évêques, qui n'ont aujourd'hui ni juridiction, ni pouvoirs
dans l'Eglise catholique.
Cardinal André
Vingt-Trois
26 janvier 2009
Lettre ouverte à ceux qui veulent bien
réfléchir... »
De Mgr Hippolyte SIMON,Archevêque de Clermont
ROME, Lundi
2 février 2009 (ZENIT.org)
- Dans « Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir... », Mgr
Hippolyte Simon, archevêque de Clermont et vice-président de la conférence
épiscopale française, demande:
« Qui avait
intérêt à salir la réputation du Pape ? »
Je ne sais pas si je suis en
colère ou si je suis malheureux : la vérité tient sans doute des
deux. Mais trop, c'est trop, alors je dis : ça suffit ! Le
déchaînement médiatique contre le Pape Benoît XVI, qui aurait réintégré
quatre évêques intégristes, dont un négationniste avéré, nerelève
pas de la critique, mais de la calomnie et de la désinformation. Car,
quoi que l'on pense des décisions du Pape, il faut dire, répéter et
souligner que ces quatre évêques n'ont pas été réintégrés. Et donc,
Mgr Williamson, dont les propos tenus à la télévision suédoise
sont effectivement intolérables, n'est toujours pas revenu au sein de
l'Eglise catholique et il ne relève toujours pas de l'autorité du
Pape. Les informations qui parlent de réintégration reposent sur une
confusion grave entre levée des excommunications et réintégration à part
entière.
J'accorde volontiers mon
indulgence à tous les journalistes et à tous les commentateurs qui
ont pu confondre, de bonne foi, la levée de l'excommunication
et la réintégration pure et simple. Les catégories utilisées par
l'Eglise peuvent prêter à équivoque pour le grand public.
Mais la vérité oblige à dire
que, selon le Droit de l'Eglise, ce n'est pas du tout la même chose.
Si on confond les plans on devient victime de simplifications qui ne
profitent qu'à ceux qui veulent faire de la provocation. Et on se
fait complice, involontairement, de ces derniers. De façon habituelle,
le grand public est en droit d'exiger d'un journaliste sportif qu'il
sache distinguer, par exemple, entre un corner et un essai.
Pourquoi l'Eglise n'aurait-elle
pas le droit d'avoir aussi son vocabulaire « technique » et pourquoi
devrait-on tolérer des approximations aussi graves simplement sous
prétexte qu'il s'agit de religion ?
Reprenons donc exactement ce
qui s'est passé. Suite à l'élection du Pape Benoît XVI, en Avril 2005, les
évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, fondée il y a plus de trente
ans par Mgr Lefebvre, ont demandé à reprendre le dialogue avec Rome, mais
ils avaient mis deux préalables : premièrement, la libéralisation du
Missel de 1962, ce qui a été fait par le motu proprio, en juillet 2007 et,
deuxièmement, la levée des excommunications.
Que signifie la levée des
excommunications ? Pour prendre une comparaison familière, je dirai ceci :
quand Mgr Lefebvre est sorti, c'est-à-dire quand il a désobéi en
ordonnant quatre évêques malgré l'avis formel du Pape, c'est comme s'il y
avait eu, automatiquement, une barrière qui était tombée et un feu qui
s'était mis au rouge pour dire qu'il était sorti. Cela voulait dire
que si, un jour, il voulait rentrer, il faudrait qu'il fasse d'abord
amende honorable. Mgr Lefebvre est mort. Paix à son âme !
Aujourd'hui, ses successeurs, vingt ans après, disent au Pape : «Nous
sommes prêts à reprendre le dialogue, mais il faut un geste symbolique de
votre part. Levez la barrière et mettez le feu au clignotant orange ! »
Le Pape, pour mettre toutes les
chances du côté du dialogue, a donc levé la barrière et a mis le feu au
clignotant orange. Reste à savoir maintenant si ceux qui demandent à
rentrer vont le faire. Est-ce qu'ils vont rentrer tous ? Quand ? Dans
quelles conditions ? On ne sait pas. Comme le dit le cardinal Giovanni
Battista Re [préfet de la Congrégation des évêques], dans son décret
officiel : « il s'agit de stabiliser les conditions du dialogue
». Peut-être que le Pape, dans un délai que nous ne connaissons pas,
leur donnera un statut canonique. Mais pour l'instant, ce n'est pas
fait. Le préalable au dialogue est levé, mais le dialogue n'a pas
encore commencé. Nous ne pouvons donc pas juger les résultats du
dialogue avant qu'il n'ait eu lieu.
Là-dessus, la veille du jour
où devait être publié le décret du Cardinal RE, voici qu'une
télévision suédoise publie ou republie les propos clairement
négationnistes de l'un des quatre évêques concernés, Mgr
Williamson. Le Pape, quand il a donné son feu vert à la signature du
décret par le Cardinal pouvait-il connaître les discours de Mgr
Williamson ? Très honnêtement, je crois pouvoir dire que non. Et
c'est en un sens plutôt rassurant : c'est le signe que le Vatican n'a
vraiment pas les moyens de faire surveiller tous les évêques et toutes
les chaînes de télévision du monde ! C'est donc ici qu'il ne faut pas se
tromper d'interprétation : que signifie cette coïncidence entre la
signature d'un décret, prévue pour le 21 Janvier, et donc connue de Mgr
Williamson, et la diffusion des propostélévisés du même personnage ?
Que chacun se demande : à qui
profite le crime ? A qui profite le scandale provoqué par des propos
d'une telle obscénité ? La réponse me semble limpide : à celui ou à
ceux qui voulaient torpiller le processus inauguré par la signature du
décret ! Or, pour peu que l'on suive un peu ces questions et les
différentes interventions de Mgr Williamson depuis quelques années,
il est clair que lui ne veut à aucun prix de la réconciliation
avec Rome ! Cet évêque, dont je répète, qu'il n'a encore aujourd'hui
aucun lien de subordination canonique vis-à-vis de Rome, a tout
simplement utilisé la méthode des terroristes : il fait exploser une
bombe (intellectuelle) en espérant que tout le processus de
réconciliation va dérailler. Il fait comme tous les ultras de tous les
temps : il préfère laisser un champ de ruines plutôt que de se
réconcilier avec ceux qu'il considère comme des ennemis.
Alors je le dis avec
tristesse à tous ceux qui ont relayé, - avec gourmandise ou avec
douleur-, l'amalgame entre Benoît XVI et Mgr Williamson : vous
avez fait le jeu, inconsciemment, d'un provocateur cynique ! Et,
en prime, si j'ose dire, vous lui avez offert un second objectif qui
ne pouvait que le ravir : salir de la pire des manières la réputation du
Pape. Un pape dont il se méfie plus que de tout autre, car il voit bien
que ce Pape ruine absolument tout l'argumentaire échafaudé jadis par Mgr
Lefebvre. Je ne peux pas développer ici ce point. Je ne fais que
renvoyer à un article que j'avais publié dans les colonnes du journal
Le Monde, l'an dernier, au moment de la publication du Motu Proprio : «
Quand je lis, un peu partout, que le Pape accorde tout aux intégristes
et qu'il n'exige rien en contrepartie, je ne suis pas d'accord : il
leur accorde tout sur la forme des rites, mais il ruine totalement leur
argumentaire sur le fond. Tout l'argumentaire de Mgr Lefebvre reposait
sur une prétendue différence substantielle entre le rite dit de Saint Pie
V et le rite dit de Paul VI. Or, réaffirme Benoît XVI, il n'y a pas de
sens à parler de deux rites. On pouvait, à la rigueur, légitimer une
résistance au Concile si l'on pensait, en conscience, qu'il existait
une différence substantielle entre deux rites. Peut-on légitimer
cette résistance, et a fortiori un schisme, à partir d'une différence de
formes ? »2
Pour un fondamentaliste, et
qui plus est, pour un négationniste forcené comme Mgr Williamson,
Benoît XVI est infiniment plus redoutable que tous ceux qui font
l'apologie de la « rupture » introduite par le Concile Vatican II. Car
s'il y a rupture, alors il est conforté dans son opposition à la «
nouveauté ». Mais celui qui démontre paisiblement que le Missel de Paul
VI, la liberté religieuse et l'œcuménisme font partie intégrante de
l'authentique Tradition Catholique, celui-là lui enlève
toute justification.
J'ai bien conscience qu'il
faudrait développer mon argumentation. Que chacun veuille bien me
pardonner de renvoyer aux sites internet où tout ceci est visible.
Mais je souhaite surtout que chacun veuille bien se méfier des
provocations trop bien montées. Quant à ceux qui s'obstinent à répéter
que Joseph Ratzinger a servi dans les Jeunesses hitlériennes, qu'ils
veuillent bien relire le témoignage qu'il a donné à Caen, le 6 Juin 2004,
pour le soixantième anniversaire du Débarquement en Normandie, et
qu'ils se demandent ensuite ce qu'ils auraient fait à sa place... Quand
on hurle un peu trop fort avec les loups d'aujourd'hui, on ne fait pas
bien la preuve que l'on eût été capable de se démarquer des loups de
l'époque...
Reste un point qui est second
mais cependant très grave : il faudra tout de même s'interroger sur la
communication des instances romaines lorsqu'il s'agit de sujets aussi
sensibles. Après la polémique de Ratisbonne (qui mériterait elle aussi
d'être démontée attentivement..), j'espère - mais je me réserve d'en
parler plutôt en interne - que les responsables de la Curie vont procéder
à un sérieux débriefing sur les ratés de leur communication.
Pour le dire d'un mot, voici
comment j'ai vécu les choses : Mercredi 21 janvier, les milieux
intégristes italiens, qui croyaient triompher, « organisent une
fuite » dans « Il Giornale ». Aussitôt le tam-tam médiatique, se
met en route. Mais nous, membres des conférences épiscopales,
nous ne savons absolument rien ! Et pendant trois jours les nouvelles -
erronées, qui parlent à longueur de journée de réintégration -
prolifèrent dans tous les sens comme un feu de brousse. Tout y
passe. Arrive alors la « bombe » de Mgr Williamson... Et c'est
seulement samedi matin, - trois jours trop tard ! -, que nous
recevons le communiqué officiel du Cardinal RE.. Comment voulez-vous que
nous puissions remettre le débat sur des bases correctes ? Le Cardinal
Ricard s'y est employé, de très bonne façon, mais le feu était parti,
et plus personne ne pouvait alors entendre une parole raisonnable.
Maintenant que la poussière
commence à retomber, essayons de reprendre calmement nos esprits.
Comme disait ma grand-mère : d'un mal Dieu peut faire sortir du bien.
Le mal c'est que le Pape Benoît XVI a une nouvelle fois été traîné dans
la boue par une majorité de grands médias, excepté, Dieu merci, La
Croix et quelques autres. Beaucoup de catholiques, et beaucoup de
gens de bonne volonté, sont dans l'incompréhension et la souffrance.
Mais le bien, c'est que les masques sont tombés ! Si le dialogue
continue malgré tout avec les évêques de la Fraternité Saint Pie X - sous
réserve, bien sûr, qu'ils passent la barrière maintenant levée -, le
discernement pourra se faire, car tout le monde sait un peu mieux ce
qu'ils pensent les uns et les autres.
Pour conclure, j'ai envie de
m'adresser aux fidèles catholiques qui peuvent, non sans raison, avoir
le sentiment d'être un peu trahis, pour ne pas dire méprisés, en cette
affaire : méditez la parabole du Fils prodigue, et prolongez-la. Si le
Fils aîné, qui avait d'abord refusé d'entrer dans la fête, dit qu'il
veut rentrer, allez-vous le refuser ??? Ayez suffisamment confiance en
vous-mêmes et en l'Esprit qui conduit l'Eglise, et qui a aussi guidé le
Concile de Vatican II, pour penser que la seule présence de ce fils
aîné ne suffira pas à étouffer la fête. Donnez à ce dernier venu un peu
de temps pour s'habituer à la lumière de l'Assemblée où vous vous
tenez...
+ Hippolyte SIMON,
Archevêque de Clermont,
vice-président de la Conférence des évêques de France
Le 29 janvier 2009