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DOSSIERS DE PRESSE

Monseigneur Patrick CHAUVET

                    Patrick Chauvet est vicaire général de l'Archevêché de Paris.
 

 

Aimer en son coeur

Cet essai sur l'éducation chrétienne propose une réflexion sur l'apprentissage des savoirs, l'éducation de l'intelligence et de la mémoire qui marquent les enseignements contemporains, pour leur préférer la prière comme lieu privilégié de l'éducation du coeur, les vertus cardinales et théologales ainsi que la miséricorde.
Cet ouvrage sur l'éducation se présente comme une suite d' Éduquer des êtres libres. À partir de son expérience d'éducateur, des fruits de ses rencontres avec les jeunes et les parents parfois désorientés par leurs adolescents, l'auteur redonne aux jeunes, aux parents et à tout éducateur les fondamentaux pour « aimer en son coeur ». Dans notre monde de compétition, ne sommes-nous pas tentés de privilégier le savoir au détriment de l'amour ? Peut-être attachons-nous une importance démesurée au pouvoir, à l'efficacité... En évoquant l'éducation du coeur, nous pénétrons le monde silencieux et discret de la grâce. Par la formation du coeur et de la conscience, ce livre offre à chacun un chemin pour découvrir le trésor de son coeur.
 

Viens, suis-moi

A l'occasion de l'année du prêtre, P. Chauvet revient sur sa place dans la communauté, rappelant le rôle des apôtres auprès du Christ et s'exprimant sur ses rencontres avec des pasteurs et serviteurs aux approches diverses de leur ministère.
À la source du sacerdoce ministériel « En cette année du prêtre, je souhaite que ce livre aide les fidèles à redécouvrir la place du prêtre dans leur communauté et à susciter l'appel auprès des jeunes.En m'appuyant sur l'Écriture et la Tradition, je propose une contemplation du Christ, l'unique grand-prêtre : comment a-t-il choisi ses apôtres qui ont appelé leurs successeurs ? Comment ces derniers, à l'initiative de l'appel du Christ, ont-ils ordonné les prêtres, leurs coopérateurs ? Et comment, suivant l'enseignement du concile Vatican II, le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ne peuvent être opposés, mais sont complémentaires, tous deux étant au service du Seigneur et de l'annonce de la Bonne Nouvelle. Cet ouvrage reprend mes études sur le sacerdoce, notamment chez saint Basile, et mon enseignement à l'École Cathédrale de Paris, auprès des séminaristes. Il est aussi le fruit de tout le travail théologique du père J.-M. Le Guillou, qui fut mon père spirituel et qui, lors du synode romain de 1971 sur le sacerdoce ministériel, au moment où l'Église traversait une crise grave, a porté jour et nuit le souci des Pères synodaux : exprimer la grandeur et la beauté du sacerdoce.
Ce livre est aussi un appel : oui, les prêtres sont heureux et ils attendent que des jeunes viennent leur confier leur vocation. Qu'ils soient toujours plus nombreux à répondre avec générosité à l'appel du Seigneur : As-tu pensé un jour à être prêtre ? » Mgr Patrick Chauvet

Il est là

Cet ouvrage est une invitation à approfondir le mystère de l'Eucharistie à travers les textes des Pères de l'Eglise et un accompagnement des temps d'adoration personnels ou communautaires.

 


Gilles de Becdelièvre, écrivain.

A partir d’un fait historique majeur et d’une intrigue, en tous points, plausible et instructive, ses livres font revivre des personnages passés aux oubliettes de l'Histoire : un hussard de l’Empire, Antoine de Lasalle ; un prince libertin et guerrier, Antoine-Philippe de La Tremoille, prince de Talmont ; une artiste, Elisabeth Vigée-Lebrun ; une évaporée, la princesse de Lamballe ; un franc-maçon, le duc de Montmorency-Luxembourg ; un opportuniste, Stanislas de Clermont-Tonnerre ; le généalogiste de Louis XVI, Bernard Chérin...

Gilles de Becdelièvre est membre de la S.G.D.L. (Société des Gens de Lettres). Par le passé, l’auteur a réalisé un dictionnaire sur le rock puis fait une grande partie de sa carrière professionnelle en agences de publicité (Publicis, Dassas, BBDO) et dans les médias où il a notamment collaboré avec Roger Thérond (célèbre rédacteur en chef de Paris-Match). Il est le fondateur et le dirigeant d’une société de conseil en diagnostic et communication auprès des entreprises.

Originaire du duché de Bretagne, les Becdelièvre remontent au-delà du XIIème siècle. Voilà qui explique la passion de l’auteur pour l’Histoire. Depuis ces dix dernières années, l’écriture occupe son quotidien.

L’auteur a, à son actif, deux romans qui ont été appréciés tant des spécialistes que du grand public : « Les Loups de l’Empereur » (Editions Cheminements – 2004) et « Le Dernier Cocher du Roi (Editions Cheminements – 2007). Le premier raconte les quinze derniers jours d’un des plus célèbres hussards de Napoléon, le général Lasalle ; le second évoque l’organisation mis en place afin de faire évader Louis XVI et ainsi lui éviter l’échafaud.

Vient de paraître : « Intrigue à la Cour », une nouvelle qui relate les afféteries des courtisans à la Cour de Versailles.

Site de l’auteur : www.gillesdebecdelievre.fr    

« Les Loups de l’Empereur »

C' est un roman historique qui se déroule au jour le jour, précisément du vendredi 23 juin au vendredi 7 juillet 1809. Construit à partir de faits avérés et soucieux d’exactitudes, l’histoire s’achève sur la bataille de Wagram.

Le roman nous fait découvrir - sous un angle inattendu - le rôle déterminant de généraux et de colonels, la plupart passés aux oubliettes de l’Histoire. Conscient de leur importance, Napoléon savait en tirer profit. Le général Lasalle - sans doute son plus magistral hussard - était de ceux-ci.

« Alors Lasalle, à quand la noce ? », « Sire, elle aura lieu quand j’aurai de quoi acheter les meubles et la corbeille. », « Comment ! Mais je t’ai donné deux cent mille francs la semaine dernière… Qu’en as-tu fait ? », « J’en ai employé la moitié à payer mes dettes et j’ai perdu le reste au jeu ». Après un tel aveu, plus d’un aurait eu sa carrière brisée ; pourtant l’Empereur ordonna qu’on lui verse encore deux cent mille francs de sa cassette personnelle…

Les hussards étaient avant tout des cavaliers et des sabreurs émérites. Guerriers dans l’âme mais séducteurs impénitents - peu de femmes leur résistaient - ils jouissaient tout autant des plaisirs de la table.

Ils savaient aussi tailler dans leur courage, conscients de la précarité de leur condition. Ainsi se comportaient les Marulaz, Piré de Rosnyvinen, Bruyères, Colbert de Chabanais, Maupoint et autre Delaborde : une horde d’officiers bretteurs, rustres, gouailleurs, mauvais sujets ou bien nés, commandés par l’indiscutable Lasalle. Tous servaient avec abnégation et sens de l’honneur les desseins de l’Empereur.

« Les Loups de l’Empereur » sont ressuscités à la lumière crue d’un roman haut en couleur. Les pages ragent et tempêtent. Elles mettent en scène des caractères bien trempés et - faut-il s’en désoler ? - des hommes croyant en des valeurs qui n’ont plus cours dans le monde d’aujourd’hui.

Le Dernier Cocher du Roi

Louis XVI a été décapité le 21 janvier 1793, place de la Révolution, aujourd’hui place de la Concorde. Ce jour-là, sur le trajet qui relie le Temple où le roi est emprisonné et le lieu où l’attend la guillotine, une personne - aidée par toute une organisation secrète - a failli sauver le monarque déchu.

Cette histoire est vraie. C’est l’affaire de ce livre. Maure, témoin de son époque, en est le narrateur. Nous sommes entre 1791 et 1793. La Révolution française est en marche. La France vit des temps tourmentés. Maure retrace la fin d’un monde, celui du haut clergé et de son effarante influence auprès des douairières, de même que celui de la haute noblesse des grands hôtels parisiens. Vipérins et gonflés d’afféterie, si certains de ces gens excellent en bouts-rimés, d’autres se livrent à un libertinage forcené. Ainsi la célèbre maison de jeu du Palais-Royal bat son plein : parmi les courtisanes, nobles et jacobins se côtoient encore indifféremment mais plus pour longtemps … Tandis que les lys flétris de la monarchie trempent dans le sang, le petit peuple de Paris survit. Loin des idées reçues, les rues infectes, la misère et la faim l’emportent sur les émeutes, la lanterne et les têtes brûlées (ou pensantes).


Brunor

Brunor est illustrateur indépendant depuis 1988. Il travaille pour la presse, l'édition et la communication (Sncf, France Télécom, Crédit Lyonnais, Lafarge...). Il a publié son premier dessin à l’âge de 15 ans et depuis, le "virus" ne l’a plus quitté… Il crée vers 20 ans le fanzine PLG avec Morin et Jamet, devenu, (grâce à ces derniers) une référence indispensable dans le monde de la Bd. Puis il participe à l'aventure Antirouille. Tout en publiant ainsi des dessins, il travaille comme journaliste rédactionnel au journal A l'écoute (OAA), puis entre à Tintin-Reporter comme responsable des pages BD, ce qui lui permet de donner leur première chance à des dessinateurs désormais confirmés. (Lewis Trondheim, Bruno Marchand, Mounier, Varanda…)... et de mettre en scène une aventure rare... (voir Tintin et Pink-Floyd). Il poursuivra cette recherche de nouveaux talents aux éditions Dargaud. Puis il se consacre exclusivement à l'illustration, et il est le premier surpris d'arriver à nourrir sa tribu grâce à ses crayons, papiers et tubes de gouache... Dans la majorité de ses travaux de commande, on lui demande le plus souvent d'apporter de l'humour sur des sujets graves (Handicap international, ADFI contre les sectes). Handicap… Le guide de l’autonomie (de La Martinière Jeunesse). Depuis janvier 1999, il illustre dans cet esprit la rubrique Parents & Enfants qui parait chaque mercredi dans le quotidien La Croix, et revient ainsi à la BD, son premier bonheur... Histoires de famille (La Croix - Presses de la Renaissance). On peut voir ces dessins et strips de Bd sur le site www.brunor.fr.st consacré au style «humour». Le présent site Brunor-art.fr.st présente des travaux dans les domaines plus picturauxqui viennent en complément du domaine «communication visuelle». Dernière parution en Bd : L'univers imprévisible. (Cerf) 2007

L'univers imprévisible.

Aujourd'hui, l'univers n'a plus 6 mille ans, mais 13,4 milliards d'années. La création ne s'est pas faite en 6 jours, mais depuis plus de 3 milliards d'années, elle se poursuit, sur un mode d'évolution

 

www.Jésus .qui ?

Après www.Dieu, Brunor nous propose une nouvelle enquête. Selon le même principe de bande dessinée sans cadre, il aborde une série de questions concernant la réalité historique de Jésus de Nazareth, ainsi que les raisons objectives d'envisager les évangiles comme un témoignage de foi... Des jeunes et leurs professeurs entrent en dialogue à la cafétéria de leur établissement. Les questions fusent : « Y a-t-il eu d'autres messies à l'époque ? », « Que penser des contradictions entre les récits des évangiles ? », « Que vient faire la femme du haut fonctionnaire Ponce Pilate dans l'évangile de Matthieu ? », « Y a-t-il des raisons de croire à la Résurrection ? »... Le lecteur est invité à participer à la recherche des réponses au fil de cette plongée dans les sources archéologiques et scripturaires, et à la rencontre de Flavius Josèphe, Tacite, Suétone et Pline le Jeune. Un petit livre bourré d'informations, pour fortifier les croyants... et donner envie... à ceux qui n'en ont pas ! Comme dans www.Dieu, la pétillante « Coccinelle » anime les débats et les rend accessibles à tous les jeunes et à ceux qui leur ressemblent.

L'évangile à l'encre sympathique

Pourquoi à l'encre sympathique ? Parce que c'est une encre invisible qui nécessite un petit effort pour pouvoir être vue. Il en est de même pour ces dessins dont le rapport à l'Évangile ne saute pas immédiatement aux yeux... mais, en y regardant de plus près, on verra apparaître un lien entre Le corbeau et le renard, Le père Noël ou Les trois mousquetaires et les réalités quotidiennes que l'Évangile propose de vivre à ceux qui l'écoutent. Dans chaque double page, on trouve le texte original de la Bible de Jérusalem, un dessin « à l'encre sympathique » et, entre les deux, comme une passerelle, quelques notes brèves invitant à « aller plus loin ». Le Christ n'est jamais représenté, mais on ne cesse d'entendre Sa voix. L'auteur offre un regard neuf à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches, et particulièrement aux jeunes qui seront sensibles à une certaine impertinence de ton. Il souhaite que son encre rende l'Évangile sympathique à chacun. Brunor n'est-il qu'un humoriste, et ne serait-il pas aussi un prédicateur ou un catéchiste ? Les animateurs de catéchèse pourront apprécier les multiples développements rendus possibles par ces dessins et leurs notes, ainsi que par les pistes ouvertes en matière de réflexion et de créativité pour leurs équipes.

La question interdite

Au cours d'une traversée de la baie du Mont-Saint-Michel, deux jeunes actucieux se demandent si on peut savoir qui est le Christ. Grâce à une rencontre inattendue, ils vont être plongés dans l'histoire mouvementé des premiers siècles de l'Eglise, et, découvrir, de façon très vivante, le développement de la pensée ainsi que les grands débats et les conciles. Connaître l'histoire des idées pour les comprendre et avancer, tel est l'objectid de ce nouvel ouvrage de théologie en bandes déssinées, pour tous croyants ou non.

Le mystère du soleil froid

A partir de questions de jeunes sur la Bible et l'univers, Brunor démarre ici une série d'enquêtes à la recherche d'indices sur la fameuse question de l'existence de Dieu. A la grande surprise des personnages de cette aventure, il y a du nouveau. Tout simplement parce que notre connaissance de l'univers et de son histoire a considérablement augmenté. Depuis 3000 ans, certaines questions restaient sans réponse, seule une opinion était possible. Par exemple : le soleil est-il éternel ? Ce débat philosophique ou religieux ne pouvant pas être tranché, c'était souvent le plus fort qui avait raison. Depuis peu, nous connaissons la réponse. C'est un progrès considérable. Nous entrons donc dans une période nouvelle, où il devient possible de comparer les affirmations des différentes cultures sur des questions dont nous connaissons désormais la réponse, et vérifier si l'une ou l'autre a vu juste. La Bible est-elle en cohérence avec l'univers réel ? Comment fait-elle pour nous donner des informations exactes sur l'univers et l'homme, avec trois mille ans d'avance? Ce livre transmet à chacun des informations vérifiables, qui sont autant d'indices pour alimenter une pensée personnelle.


Nicolas DOUCET

Nicolas Doucet, 35 ans, père de 4 enfants, pratique l’humour sans ironie, un moyen de prendre du recul par rapport à la vie.
Nicolas Doucet, illustrateur bien connu des lecteurs de Famille Chrétienne, a finement observé les joies et les travers des petits et des grands au sein d’une famille qui s’aime.

LES FAMILIUS - volume 1 - “ Qui a fait ça ?”

48 planches du quotidien mouvementé d’une famille nombreuse qui ne manque pas d’humour.

 


Odile GAUTRON

               Le secret de l’enfant rebelle :Anne de Guigné

.Biographie d'Anne de Guigné, morte à l'âge de 11 ans, déclarée vénérable par Jean-Paul II. L'histoire d'une petite fille comme toutes les autres petites filles... avec certes plus de caprices et de colères, mais aussi plus de sacrifices pour s'élever vers la sainteté. Une vie trop courte mais débordante d'amour : le Pape Jean-Paul II a tenu à en faire un exemple pour tous les jeunes enfants. 


                LETTRE DU SOUVERAIN PONTIFE BENOÎT XVI
                 POUR L’INDICTION D’UNE ANNÉE SACERDOTALE
             À L’OCCASION DU 150e ANNIVERSAIRE  DU DIES NATALIS
           DU SAINT CURÉ D’ARS

 Chers Frères dans le sacerdoce,

En la prochaine solennité du Sacré-Cœur de Jésus, vendredi 19 juin 2009 – journée traditionnellement consacrée à la prière pour la sanctification des prêtres –, j’ai pensé ouvrir officiellement une « Année sacerdotale » à l’occasion du 150e anniversaire du « dies natalis » de Jean-Marie Vianney, le saint patron de tous les curés du monde. Une telle année, qui veut contribuer à promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de rendre plus incisif et plus vigoureux leur témoignage évangélique dans le monde d’aujourd’hui, se conclura en la même solennité de l’année 2010. « Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus », avait coutume de dire le Saint Curé d’Ars . Cette expression touchante nous permet avant tout d’évoquer avec tendresse et reconnaissance l’immense don que sont les prêtres non seulement pour l'Église, mais aussi pour l’humanité elle-même. Je pense à tous ces prêtres qui présentent aux fidèles chrétiens et au monde entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ, s’efforçant de Lui donner leur adhésion par leurs pensées, leur volonté, leurs sentiments et le style de toute leur existence. Comment ne pas mettre en évidence leurs labeurs apostoliques, leur service inlassable et caché, leur charité ouverte à l’universel ? Et que dire de la courageuse fidélité de tant de prêtres qui, bien que confrontés à des difficultés et à des incompréhensions, restent fidèles à leur vocation : celle d’« amis du Christ », qui ont reçu de Lui un appel particulier, ont été choisis et envoyés ?

Je porte moi-même encore vivant dans mon cœur le souvenir du premier curé auprès de qui j’ai exercé mon ministère de jeune prêtre : il m’a laissé l’exemple d’un dévouement sans faille à son service pastoral, au point de trouver la mort alors qu’il allait porter le viatique à un malade grave. Me viennent encore à la mémoire les innombrables confrères que j’ai rencontrés et que je continue à rencontrer, même au cours de mes voyages pastoraux en divers pays ; tous généreusement engagés dans l’exercice quotidien de leur ministère sacerdotal. Mais l’expression utilisée par le Saint Curé évoque aussi le Cœur transpercé du Christ et la couronne d’épines qui l’entoure. Et notre pensée se tourne alors vers les innombrables situations de souffrance dans lesquelles sont plongés bien des prêtres, soit parce qu’ils participent à l’expérience humaine de la douleur dans ses multiples manifestations, soit parce qu’ils sont incompris par ceux qui bénéficient de leur ministère : comment ne pas nous souvenir de tant de prêtres bafoués dans leur dignité, empêchés d’accomplir leur mission, parfois même persécutés jusqu’au témoignage suprême du sang ?

Il existe aussi malheureusement des situations, jamais assez déplorées, où l'Église elle-même souffre de l’infidélité de certains de ses ministres. Et c’est pour le monde un motif de scandale et de refus. Ce qui, dans de tels cas peut être surtout profitable pour l'Église, ce n’est pas tant la pointilleuse révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé dans les figures splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant d’amour pour Dieu et pour les âmes, de directeurs spirituels éclairés et patients. A cet égard, les enseignements et les exemples de saint Jean-Marie Vianney peuvent offrir à tous un point de référence significatif : le Curé d’Ars était très humble, mais il avait conscience, comme prêtre, d’être un don immense pour son peuple : « Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu, c’est là le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux dons de la miséricorde divine ». Il parlait du sacerdoce comme s’il ne réussissait pas à se convaincre de la grandeur du don et de la tâche confiés à une créature humaine : « Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand ! s’il se comprenait, il mourrait… Dieu lui obéit : il dit deux mots et Notre Seigneur descend du ciel à sa voix et se renferme dans une petite hostie… ». Et, pour expliquer à ses fidèles l’importance des sacrements, il disait : « Si nous n’avions pas le sacrement de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre-Seigneur. Qui est-ce qui l’a mis là, dans le tabernacle ? Le prêtre. Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à mourir [à cause du péché], qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et la paix ? Encore le prêtre… Après Dieu, le prêtre c’est tout… Le prêtre ne se comprendra bien que dans le ciel ». Ces affirmations, jaillies du cœur sacerdotal du saint curé, peuvent nous sembler excessives. Elles manifestent toutefois en quelle haute considération il tenait le sacrement du sacerdoce. Il semblait submergé par le sentiment d’une responsabilité sans bornes : « Si l’on comprenait bien le prêtre sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais d’amour … Sans le prêtre, la mort et la passion de Notre-Seigneur ne serviraient de rien… C’est le prêtre qui continue l’œuvre de Rédemption, sur la terre… A quoi servirait une maison remplie d’or, si vous n’aviez personne pour ouvrir la porte ? Le prêtre a la clef des trésors célestes : c’est lui qui ouvre la porte ; il est l’économe du bon Dieu, l’administrateur de ses biens…. Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes… Le prêtre n’est pas prêtre pour lui… il est pour vous ».

Il était arrivé à Ars, un petit village de 230 habitants, prévenu par l’Évêque qu’il y aurait trouvé une situation religieuse précaire : « Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu dans cette paroisse, vous l’y mettrez ». Il était donc pleinement conscient qu’il devait y aller pour y incarner la présence du Christ, témoignant de sa tendresse salvifique : « [Mon Dieu], accordez-moi la conversion de ma paroisse ; je consens à souffrir ce que vous voulez tout le temps de ma vie ! », c’est par cette prière qu’il commença sa mission. Le Saint Curé se consacra à la conversion de sa paroisse de toutes ses forces, donnant la première place dans ses préoccupations à la formation chrétienne du peuple qui lui était confié. Chers frères dans le Sacerdoce, demandons au Seigneur Jésus la grâce de pouvoir apprendre nous aussi la méthode pastorale de saint Jean-Marie Vianney ! Ce que nous devons apprendre en tout premier lieu c’est sa totale identification à son ministère. En Jésus, Personne et Mission tendent à coïncider : toute son action salvifique était et est expression de son « Moi filial » qui, de toute éternité, se tient devant le Père dans une attitude de soumission pleine d’amour à sa volonté. Dans une humble mais réelle analogie, le prêtre lui aussi doit tendre à cette identification. Il ne s’agit pas évidemment d’oublier que l’efficacité substantielle du ministère demeure indépendante de la sainteté du ministre ; mais on ne peut pas non plus ignorer l’extraordinaire fécondité produite par la rencontre entre la sainteté objective du ministère et celle, subjective, du ministre. Le Saint Curé d’Ars se livra immédiatement à cet humble et patient travail d’harmonisation entre sa vie de ministre et la sainteté du ministère qui lui était confié, allant jusqu’à décider d’«  habiter » matériellement dans son église paroissiale : « A peine arrivé, il choisit l’église pour être sa demeure… Il entrait dans l’église avant l’aube et il n’en sortait qu’après l’Angelus du soir. C’est là qu’il fallait le chercher si l’on avait besoin de lui », peut-on lire dans sa première biographie.

La pieuse exagération du dévoué hagiographe ne doit pas nous induire à négliger le fait que le Saint Curé sut aussi « habiter » activement tout le territoire de sa paroisse : il rendait visite de manière systématique à tous les malades et aux familles ; il organisait des missions populaires et des fêtes patronales ; il recueillait et administrait des dons en argent pour ses œuvres charitables et missionnaires ; il embellissait son église en la dotant d’objets sacrés ; il s’occupait des orphelines de la « Providence » (un Institut qu’il avait fondé) et de leurs éducatrices ; il s’intéressait à l’éducation des enfants ; il créait des confréries et invitait les laïcs à collaborer avec lui.

Son exemple me pousse à évoquer les espaces de collaboration que l’on doit ouvrir toujours davantage aux fidèles laïcs, avec lesquels les prêtres forment l’unique peuple sacerdotal et au milieu desquels, en raison du sacerdoce ministériel, ils se trouvent « pour les conduire tous à l’unité dans l’amour "s’aimant les uns les autres d’un amour fraternel, rivalisant d’égards entre eux" (Rm 12, 10) ». Il convient de se souvenir, dans ce contexte, comment le Concile Vatican II encourageait chaleureusement les prêtres à « reconnaître sincèrement et à promouvoir la dignité des laïcs et la part propre qu’ils prennent dans la mission de l'Église… Ils doivent écouter de bon cœur les laïcs, en prenant fraternellement en considération leurs désirs, et en reconnaissant leur expérience et leur compétence dans les divers domaines de l’activité humaine, afin de pouvoir discerner avec eux les signes des temps ».

Le Saint Curé enseignait surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie. A son exemple, les fidèles apprenaient à prier, s’arrêtant volontiers devant le tabernacle pour faire une visite à Jésus Eucharistie. « On n’a pas besoin de tant parler pour bien prier – leur expliquait le Curé – On sait que le bon Dieu est là, dans le saint Tabernacle ; on lui ouvre son cœur ; on se complaît en sa présence. C’est la meilleure prière, celle-là ». Et il les exhortait : « Venez à la communion, venez à Jésus, venez vivre de lui, afin de vivre pour lui ». « C’est vrai, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin ! ». Cette éducation des fidèles à la présence eucharistique et à la communion revêtait une efficacité toute particulière, quand les fidèles le voyaient célébrer le saint sacrifice de la Messe. Ceux qui y assistaient disaient « qu’il n’était pas possible de voir un visage qui exprime à ce point l’adoration… Il contemplait l’Hostie avec tant d’amour ». « Toutes les bonnes œuvres réunies – disait-il – n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu ». Il était convaincu que toute la ferveur de la vie d’un prêtre dépendait de la Messe : « La cause du relâchement du prêtre, c’est qu’on ne fait pas attention à la messe ! Hélas ! Mon Dieu ! qu’un prêtre est à plaindre quand il fait cela comme une chose ordinaire ! ». Et il avait pris l’habitude, quand il célébrait, d’offrir toujours le sacrifice de sa propre vie : « Oh ! qu’un prêtre fait bien de s’offrir à Dieu en sacrifice tous les matins ».

Cette identification personnelle au sacrifice de la Croix le conduisait – d’un seul mouvement intérieur – de l’autel au confessionnal. Les prêtres ne devraient jamais se résigner à voir les confessionnaux désertés ni se contenter de constater la désaffection des fidèles pour ce sacrement. Au temps du Saint Curé, en France, la confession n’était pas plus facile ni plus fréquente que de nos jours, compte tenu du fait que la tourmente de la Révolution avait étouffé pendant longtemps la pratique religieuse. Mais il s’est efforcé, de toutes les manières : par la prédication, en cherchant à persuader par ses conseils, à faire redécouvrir à ses paroissiens le sens et la beauté de la Pénitence sacramentelle, en montrant comment elle est une exigence intime de la Présence eucharistique. Il sut ainsi donner vie à un cercle vertueux. Par ses longues permanences à l’église, devant le tabernacle, il fit en sorte que les fidèles commencent à l’imiter, s’y rendant pour rendre visite à Jésus, et qu’ils soient en même temps sûrs d’y trouver leur curé, disponible pour l’écoute et le pardon. Par la suite, la foule croissante des pénitents qui venaient de la France entière, le retint au confessionnal jusqu’à 16 heures par jour. On disait alors qu’Ars était devenu « le grand hôpital des âmes ». « La grâce qu’il obtenait [pour la conversion des pécheurs] était si puissante qu’elle allait à leur recherche sans leur laisser un moment de répit » dit le premier biographe. C’est bien ce que pensait le Saint Curé quand il disait : « Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon ; mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui ». « Ce bon sauveur est si rempli d’amour pour nous qu’il nous cherche partout ! ».

Nous tous, prêtres, nous devrions réaliser que les paroles qu’il mettait dans la bouche du Christ nous concernent personnellement : « Je chargerai mes ministres de leur annoncer que je suis toujours prêt à les recevoir, que ma miséricorde est infinie ». Du Saint Curé d’Ars, nous pouvons apprendre, nous prêtres, non seulement une inépuisable confiance dans le sacrement de la Pénitence au point de nous inciter à le remettre au centre de nos préoccupations pastorales, mais aussi une méthode pour le « dialogue de salut » qui doit s’établir en lui. Le Curé d’Ars avait une manière différente de se comporter avec les divers pénitents. Celui qui s’approchait de son confessionnal attiré par un besoin intime et humble du pardon de Dieu, trouvait en lui l’encouragement à se plonger dans « le torrent de la divine miséricorde » qui emporte tout dans son élan. Et si quelqu’un s’affligeait de sa faiblesse et de son inconstance, craignant les rechutes à venir, le Curé lui révélait le secret de Dieu par une expression d’une touchante beauté : « Le bon Dieu sait toutes choses. D’avance, il sait qu’après vous être confessé, vous pécherez de nouveau et cependant il vous pardonne. Quel amour que celui de notre Dieu qui va jusqu’à oublier volontairement l’avenir pour nous pardonner ! ». A celui qui, à l’inverse, s’accusait avec tiédeur et de manière presque indifférente, il offrait, par ses larmes, la preuve de la souffrance et de la gravité que causait cette attitude « abominable » : « Je pleure de ce que vous ne pleurez pas », disait-il. « Encore, si le bon Dieu n’était si bon, mais il est si bon. Faut-il que l’homme soit barbare pour un si bon Père ». Il faisait naître le repentir dans le cœur des tièdes, en les obligeant à voir, de leurs propres yeux et presque « incarnée » sur le visage du prêtre qui les confessait, la souffrance de Dieu devant les péchés. Par contre, si quelqu’un se présentait avec un désir déjà éveillé d’une vie spirituelle plus profonde et qu’il en était capable, il l’introduisait dans les profondeurs de l’amour, exposant l’indicible beauté que représente le fait de pouvoir vivre unis à Dieu et en sa présence : « Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu… Oh ! que c’est beau ! ». A ceux-là, il enseignait à prier : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de vous aimer autant qu’il est possible que je vous aime ».

Le Curé d’Ars, en son temps, a su transformer le cœur et la vie de tant de personnes, parce qu’il a réussi à leur faire percevoir l’amour miséricordieux du Seigneur. Notre temps aussi a un besoin urgent d’une telle annonce et d’un tel témoignage de la vérité de l’Amour : Deus caritas est (1 Jn 4,8). Par la Parole et les Sacrements de son Jésus, Jean-Marie Vianney savait édifier son peuple, même si, souvent, il tremblait devant son incapacité personnelle, au point de désirer plus d’une fois être délivré des responsabilités du ministère paroissial dont il se sentait indigne. Toutefois, avec une obéissance exemplaire, il demeura toujours à son poste, parce qu’il était dévoré de la passion apostolique pour le salut des âmes. Il s’efforçait d’adhérer totalement à sa vocation et à sa mission en pratiquant une ascèse sévère : « Ce qui est un grand malheur, pour nous autres curés – déplorait le saint –, c’est que l’âme s’engourdit » ; et il faisait ainsi allusion au danger que court le pasteur de s’habituer à l’état de péché ou d’indifférence dans lequel se trouvent tant de ses brebis. Il maîtrisait son corps par des veilles et des jeûnes, afin d’éviter qu’il n’oppose résistance à son âme sacerdotale. Et il n’hésitait pas à s’infliger des mortifications pour le bien des âmes qui lui étaient confiées et pour contribuer à l’expiation de tant de péchés entendus en confession. A un confrère prêtre, il expliquait : « Je vais vous dire ma recette. Je leur donne une petite pénitence et je fais le reste à leur place ». Par-delà ces pénitences concrètes auxquelles le Curé d’Ars se livrait, le noyau central de son enseignement demeure toujours valable pour tous : Jésus verse son sang pour les âmes et le prêtre ne peut se consacrer à leur salut s’il refuse de participer personnellement à ce « prix élevé » de la rédemption.

Dans le monde d’aujourd’hui, comme dans les temps difficiles du Curé d’Ars, il faut que les prêtres, dans leur vie et leur action, se distinguent par la force de leur témoignage évangélique. Paul VI faisait remarquer avec justesse : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ». Pour éviter que ne surgisse en nous un vide existentiel et que ne soit compromise l’efficacité de notre ministère, il faut que nous nous interrogions toujours de nouveau : « Sommes-nous vraiment imprégnés de la Parole de Dieu ? Est-elle vraiment la nourriture qui nous fait vivre, plus encore que le pain et les choses de ce monde ? La connaissons-nous vraiment ? L’aimons-nous ? Intérieurement, nous préoccupons-nous de cette parole au point qu’elle façonne réellement notre vie et informe notre pensée ? ». Tout comme Jésus appela les Douze pour qu’ils demeurent avec lui (cf. Mc 3,14) et que, après seulement, il les envoya prêcher, de même, de nos jours, les prêtres sont appelés à assimiler ce « nouveau style de vie » qui a été inauguré par le Seigneur Jésus et qui est devenu précisément celui des Apôtres.

C’est cette même adhésion sans réserve au « nouveau style de vie » qui fut la marque de l’engagement du Curé d’Ars dans tout son ministère. Le Pape Jean XXIII, dans l’Encyclique Sacerdotii nostri primordia, publiée en 1959 à l’occasion du premier centenaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney, présentait sa physionomie ascétique sous le signe des « trois conseils évangéliques », qu’il jugeait nécessaires aussi pour les prêtres : « Si pour atteindre à cette sainteté de vie, la pratique des conseils évangéliques n’est pas imposée au prêtre en vertu de son état clérical, elle s’offre néanmoins à lui, comme à tous les disciples du Seigneur, comme la voie royale de la sanctification chrétienne ». Le Curé d’Ars sut vivre les « conseils évangéliques » selon des modalités adaptées à sa condition de prêtre. Sa pauvreté, en effet, ne fut pas celle d’un religieux ou d’un moine, mais celle qui est demandée à un prêtre : tout en gérant de grosses sommes d’argent (puisque les pèlerins les plus riches ne manquaient pas de s’intéresser à ses œuvres de charité), il savait que tout était donné pour son église, pour les pauvres, pour ses orphelins et pour les enfants de sa « Providence », et pour les familles les plus nécessiteuses. Donc, il « était riche pour donner aux autres, et bien pauvre pour lui-même ». Il expliquait : « Mon secret est bien simple, c’est de tout donner et de ne rien garder ». Quand il lui arrivait d’avoir les mains vides, content, il disait aux pauvres qui s’adressaient à lui : « Je suis pauvre comme vous ; je suis aujourd’hui l’un des vôtres ». Ainsi, à la fin de sa vie, il put affirmer dans une totale sérénité : « Je n’ai plus rien, le bon Dieu peut m’appeler quand il voudra ». Sa chasteté était aussi celle qui était demandée à un prêtre pour son ministère. On peut dire qu’il s’agissait de la chasteté nécessaire à celui qui doit habituellement toucher l’Eucharistie et qui habituellement la contemple avec toute l’ardeur du cœur et qui, avec la même ferveur, la donne à ses fidèles. On disait de lui que « la chasteté brillait dans son regard », et les fidèles s’en rendaient compte quand il se tournait vers le tabernacle avec le regard d’un amoureux. De même, l’obéissance de saint Jean-Marie Vianney fut entièrement incarnée dans son adhésion à toutes les souffrances liées aux exigences quotidiennes du ministère. On sait combien il était tourmenté par la pensée de son incapacité pour le ministère paroissial et par son désir de fuir « pour pleurer dans la solitude sur sa pauvre vie ». L’obéissance seule, et sa passion pour les âmes, réussissaient à le convaincre de rester à son poste. Il montrait à ses fidèles, comme à lui-même qu’il « n’y a pas deux bonnes manières de servir Notre Seigneur, il n’y en a qu’une, c’est de le servir comme il veut être servi ». Il lui semblait que la règle d’or pour une vie d’obéissance fut celle-ci : « Ne faire que ce que l’on peut offrir au bon Dieu ».

Dans ce contexte d’une spiritualité nourrie par la pratique des conseils évangéliques, je tiens à adresser aux prêtres, en cette Année qui leur est consacrée, une invitation cordiale, celle de savoir accueillir le nouveau printemps que l’Esprit suscite de nos jours dans l'Église, en particulier grâce aux Mouvements ecclésiaux et aux nouvelles Communautés. « L’Esprit dans ses dons prend de multiples formes… Il souffle où il veut. Il le fait de manière inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu’on ne peut imaginer à l’avance… Il nous démontre également qu’il œuvre en vue de l’unique corps et dans l’unité de l’unique corps ». Ce que dit à cet égard le Décret Presbyterorum ordinis est d’actualité : « Eprouvant les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, ils [les prêtres] chercheront à déceler, avec le sens de la foi, les charismes multiformes des laïcs, qu’ils soient humbles ou éminents, les reconnaîtront avec joie et les développeront avec un zèle empressé ». Ces mêmes dons, qui poussent bien des personnes vers une vie spirituelle plus élevée, sont profitables non seulement pour les fidèles laïcs mais pour les ministres eux-mêmes. C’est de la communion entre ministres ordonnés et charismes que peut naître « un élan précieux pour un engagement renouvelé de l'Église au service de l’annonce et du témoignage de l’Évangile de l’espérance et de la charité partout à travers le monde ». Je voudrais encore ajouter, dans la ligne de l’Exhortation apostolique Pastores dabo vobis du Pape Jean-Paul II, que le ministère ordonné a une « forme communautaire » radicale et qu’il ne peut être accompli que dans la communion des prêtres avec leur Évêque. Il faut que cette communion des prêtres entre eux et avec leur Évêque, enracinée dans le sacrement de l’Ordre et manifestée par la concélébration eucharistique, se traduise dans les diverses formes concrètes d’une fraternité effective et affective. Ainsi seulement, les prêtres pourront-ils vivre en plénitude le don du célibat et seront-ils capables de faire épanouir des communautés chrétiennes au sein desquelles se renouvellent les prodiges de la première prédication de l’Évangile.

L’Année paulinienne qui arrive à sa fin nous invite à considérer encore la figure de l’Apôtre des Gentils dans laquelle brille à nos yeux un modèle splendide de prêtre complètement « donné » à son ministère. « L’amour du Christ nous presse – écrivait-il – à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts » (2 Co, 5, 14) et il ajoutait : « Il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15). Quel meilleur programme pourrait être proposé à un prêtre qui s’efforce de progresser sur le chemin de la perfection chrétienne ?

Chers prêtres, la célébration du 150e anniversaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney (1859) vient immédiatement après les célébrations achevées il y a peu du 150e anniversaire des apparitions de Lourdes (1858). Déjà en 1959, le bienheureux Pape Jean XXIII l’avait remarqué : « Peu avant que le Curé d’Ars n’achevât sa longue carrière pleine de mérites, [la Vierge Immaculée] était apparue dans une autre région de France à une enfant humble et pure pour lui communiquer un message de prière et de pénitence, dont on sait l’immense retentissement spirituel depuis un siècle. En vérité, l’existence du saint prêtre dont nous célébrons la mémoire, était à l’avance une vivante illustration des grandes vérités surnaturelles enseignées à la voyante de Massabielle ! Il avait lui-même pour l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge une très vive dévotion, lui qui, en 1836, avait consacré sa paroisse à Marie conçue sans péché et devait accueillir avec tant de foi et de joie la définition dogmatique de 1854 ». Le Saint Curé rappelait toujours à ses fidèles que « Jésus-Christ, après nous avoir donné tout ce qu’il pouvait nous donner, veut encore nous faire héritiers de ce qu’il y a de plus précieux, c’est-à-dire sa Sainte Mère ».

Je confie cette Année sacerdotale à la Vierge Sainte, lui demandant de susciter dans l’âme de chaque prêtre un renouveau généreux de ces idéaux de donation totale au Christ et à l'Église qui ont inspiré la pensée et l’action du Saint Curé d’Ars. La fervente vie de prière et l’amour passionné de Jésus crucifié ont nourri le don quotidien et sans réserve de Jean-Marie Vianney à Dieu et à l'Église. Puisse son exemple susciter parmi les prêtres ce témoignage d’unité avec l’Évêque, entre eux et avec les laïcs, qui est si nécessaire aujourd’hui, comme en tout temps. Malgré le mal qui se trouve dans le monde, la parole du Christ à ses Apôtres au Cénacle résonne toujours avec la même force d’actualité : « Dans le monde, vous aurez à souffrir, mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » (Jn  16, 33). La foi dans le divin Maître nous donne la force de regarder l’avenir avec confiance. Chers prêtres, le Christ compte sur vous. A l’exemple du Saint Curé d’Ars, laissez-vous conquérir par Lui et vous serez vous aussi, dans le monde d’aujourd’hui, des messagers d’espérance, de réconciliation et de paix !

Avec ma bénédiction.

Du Vatican, le 16 juin 2009.

BENEDICTUS PP. XVI

 


Pour ceux qui n’ont pas pu venir à la soirée du mardi saint à Sainte-Odile sur le Pape, l’Église, le monde et nous; la radicalité évangélique est elle encore soluble dans le bouillon médiatique? cf: http://sainteodilejeunes.net/7-avril-2009   
 

Les médias africains déplorent l’attitude des médias occidentaux

Pendant la visite du pape en Afrique

ROME, Mardi 24 mars 2009 (ZENIT.org) -  « Le Cameroun vient de boucler avec une réussite insolente la troisième visite papale de son histoire », lit-on dans le Cameroon Tribune, après les quatre jours de visite de Benoît XVI sur le sol camerounais, qui déplore en même temps la polémique engagée par les médias occidentaux contre le pape durant cette visite.  

« Le Cameroun et l'Afrique ont vécu quatre jours si intenses et si magiques, qu'ils peinent encore à en jauger l'insondable portée », souligne Marie-Claire Nnana dans son article, convaincue que cette visite du pape en Afrique est « une visite à succès, et un événement majeur qui marquera l'Eglise et tout le continent ».

« En posant l'acte d'amour que constitue sa visite, en nous assurant de l'amour de Dieu, nous les damnés de la terre, le pape nous comble d'espérance », souligne la journaliste.

Mais « on ne décrira jamais assez le rapt inélégant et la parfaite imposture des médias européens et en particulier français sur cette visite », souligne-t-elle. « C'était le temps de l'Afrique. L'Afrique n'aspirait qu'à la communion spirituelle et à la fête. Nos confrères se sont évertués à ne mettre en lumière que les aspects les plus anecdotiques de cette visite, les chiens écrasés, l'écume des jours », ajoute-t-elle.

« Pas un mot sur le synode des évêques africains à venir, ni sur le document préparé à cet égard par le pape », commente-t-elle. « Ils ont parasité les ondes avec une polémique qu'ils ont créée de toute pièce. Car en sortant de son contexte la déclaration du pape sur le préservatif, ils en ont dénaturé la substance ».

Autre exemple de sabotage stratégique reproché aux médias occidentaux : avoir cherché, en Angola, à « éclipser le message apostolique en montant en épingle une déclaration sur l'avortement thérapeutique ».

« En résumant huit jours de visite en deux petites phrases, de préférence celles susceptibles de remuer une opinion publique formatée, il y a un risque de caricaturer et de fausser le message », souligne-t-elle. Et le comble pour la journaliste c'est lorsque « ces médias déclarent parler au nom des Africains ».

« Non, merci, chers confrères, vous parlez pour vous-mêmes, et pour votre public. Les Africains sont assez grands pour déchiffrer et critiquer, au besoin, les messages du pape, afin d'en tirer la substantifique moelle. ».

De plus, estime-t-elle, « les débats autour du SIDA et de l'avortement sont trop importants pour les biaiser de cette manière, en les réduisant à une polémique médiatique ».

« Si nous décrions cet opportunisme chez nos confrères, ce n'est pas que ces questions indiffèrent les Africains que nous sommes, précise la journaliste du Cameroon Tribune, simplement, il nous semble peu fécond de vouloir infléchir les prises de positions papales, parce qu'elles découlent des principes moraux et de valeurs dictés par les évangiles dont il est le gardien ».

« Le pape, que les médias décrivent comme austère et peu charismatique, nous a paru au contraire sensible à nos démonstrations bruyantes et sincères », poursuit-elle. «  Il les a reçues dans le tempérament qui est le sien : tout en retenue, le geste peu emphatique, le regard ardent ».

En conclusion la journaliste pense que « Benoît XVI en aura bien besoin » de l'affection des fidèles Africains pour continuer sereinement sa mission, dans une Europe, dit-elle, « dont il est le fils biologique, mais non pas spirituel puisque cette Europe nie désormais la dimension spirituelle du monde ».

Isabelle Cousturié

 

 

A PROPOS DE LA LEVEE DE L’EXCOMMUNICATION

DE QUATRE EVÊQUES DE LA FRATERNITE SAINT-PIE X

Les nombreuses réactions enregistrées à l’occasion de la levée de l’excommunication encourue latae sententiae par les quatre évêques ordonnés le 30 juin 1988 par Mgr Lefebvre invitent à ne pas se laisser piéger par le tourbillon médiatique réducteur et déformant et de prendre avec calme la mesure de cette importante décision du Saint Père.

 Les paroissiens de Sainte-Odile vivent depuis deux décennies environ l’unité de la foi dans l’expression des sensibilités liturgiques grâce à la célébration de l’Eucharistie selon la forme ordinaire (Missel dit de Paul VI) et la forme extraordinaire (Missel de Jean XXIII, réforme de 1962) définies par le Motu Proprio de Benoît XVI.

Cette expérience menée sous la houlette de nos pasteurs, le Cardinal Lustiger qui en a été l’initiateur et le Cardinal Vingt-Trois, notre Archevêque, montre que le chemin de l’unité dans la charité est possible et répond à la mission confiée par le Christ à son Eglise : « que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi » (Jean 17,21).

 C’est incontestablement ce désir du Christ au seuil de sa Passion qui fonde la décision du Saint Père prise à la fin de la Semaine de prière pour l’unité des Chrétiens.

 Les textes qui suivent :

         - l’explication claire et argumentée de notre Archevêque

         - le Décret de la Congrégation pour les Evêques du 21 janvier 2009,

demandent à être lus avec attention et accueillis dans la prière.

Cette levée de l’excommunication n’est pas une fin mais le début d’un processus de dialogue qui sera certainement long et difficile. Les propos scandaleux et inacceptables de Mgr Williamson niant le drame de la shoah montrent que la conversion des cœurs  et des esprits devra être profonde et sans ambiguïté.

 J’invite tous les paroissiens de Sainte-Odile à porter dans la prière et la pénitence le long travail de réconciliation qui doit être entrepris afin qu’il puisse déboucher sur la vérité de l’unité dans la charité selon le cœur du Christ.

                                                                               Mgr Claude RECHAIN, curé

 cf :   Communiqué de presse du Saint Siège, Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir... » de  Mgr Hippolyte SIMON, Archevêque de Clermont - Lettre de sa sainteté benoît xvi aux évêques de l’église catholique

 

 

Du Vatican, le 10 mars 2009

LETTRE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI AUX ÉVÊQUES DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE

au sujet de la levée de l’excommunication des quatre Évêques consacrés par Mgr Lefebvre

Chers Confrères dans le ministère épiscopal !

La levée de l’excommunication des quatre Évêques, consacrés en 1988 par Mgr Lefebvre sans mandat du Saint-Siège, a suscité, pour de multiples raisons, au sein et en dehors de l’Église catholique une discussion d’une véhémence telle qu’on n’en avait plus connue depuis très longtemps. Cet événement, survenu à l’improviste et difficile à situer positivement dans les questions et dans les tâches de l’Église d’aujourd’hui, a laissé perplexes de nombreux Évêques. Même si beaucoup d’Évêques et de fidèles étaient disposés, à priori, à considérer positivement la disposition du Pape à la réconciliation, néanmoins la question de l’opportunité d’un tel geste face aux vraies urgences d’une vie de foi à notre époque s’y opposait. Inversement, certains groupes accusaient ouvertement le Pape de vouloir revenir en arrière, au temps d’avant le Concile : d’où le déchaînement d’un flot de protestations, dont l’amertume révélait des blessures remontant au-delà de l’instant présent. C’est pourquoi je suis amené, chers Confrères, à vous fournir quelques éclaircissements, qui doivent aider à comprendre les intentions qui m’ont guidé moi-même ainsi que les organes compétents du Saint-Siège à faire ce pas. J’espère contribuer ainsi à la paix dans l’Église.

Le fait que le cas Williamson se soit superposé à la levée de l’excommunication a été pour moi un incident fâcheux imprévisible. Le geste discret de miséricorde envers quatre Évêques, ordonnés validement mais non légitimement, est apparu tout à coup comme totalement différent : comme le démenti de la réconciliation entre chrétiens et juifs, et donc comme la révocation de ce que le Concile avait clarifié en cette matière pour le cheminement de l’Église. Une invitation à la réconciliation avec un groupe ecclésial impliqué dans un processus de séparation se transforma ainsi en son contraire : un apparent retour en arrière par rapport à tous les pas de réconciliation entre chrétiens et juifs faits à partir du Concile — pas dont le partage et la promotion avaient été dès le début un objectif de mon travail théologique personnel. Que cette superposition de deux processus opposés soit advenue et qu’elle ait troublé un moment la paix entre chrétiens et juifs ainsi que la paix à l’intérieur de l’Église, est une chose que je ne peux que déplorer profondément. Il m’a été dit que suivre avec attention les informations auxquelles on peut accéder par Internet aurait permis d’avoir rapidement connaissance du problème. J’en tire la leçon qu’à l’avenir au Saint-Siège nous devrons prêter davantage attention à cette source d’informations. J’ai été peiné du fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir ce qu’il en était, aient pensé devoir m’offenser avec une hostilité prête à se manifester. C’est justement pour cela que je remercie d’autant plus les amis juifs qui ont aidé à dissiper rapidement le malentendu et à rétablir l’atmosphère d’amitié et de confiance, qui — comme du temps du Pape Jean-Paul II — comme aussi durant toute la période de mon pontificat a existé et, grâce à Dieu, continue à exister.

Une autre erreur, qui m’attriste sincèrement, réside dans le fait que la portée et les limites de la mesure du 21 janvier 2009 n’ont pas été commentées de façon suffisamment claire au moment de sa publication. L’excommunication touche des personnes, non des institutions. Une ordination épiscopale sans le mandat pontifical signifie le danger d’un schisme, parce qu’elle remet en question l’unité du collège épiscopal avec le Pape. C’est pourquoi l’Église doit réagir par la punition la plus dure, l’excommunication, dans le but d’appeler les personnes punies de cette façon au repentir et au retour à l’unité. Vingt ans après les ordinations, cet objectif n’a malheureusement pas encore été atteint. La levée de l’excommunication vise le même but auquel sert la punition : inviter encore une fois les quatre Évêques au retour. Ce geste était possible une fois que les intéressés avaient exprimé leur reconnaissance de principe du Pape et de son autorité de Pasteur, bien qu’avec des réserves en matière d’obéissance à son autorité doctrinale et à celle du Concile. Je reviens par là à la distinction entre personne et institution. La levée de l’excommunication était une mesure dans le domaine de la discipline ecclésiastique : les personnes étaient libérées du poids de conscience que constitue la punition ecclésiastique la plus grave. Il faut distinguer ce niveau disciplinaire du domaine doctrinal. Le fait que la Fraternité Saint-Pie X n’ait pas de position canonique dans l’Église, ne se base pas en fin de comptes sur des raisons disciplinaires mais doctrinales. Tant que la Fraternité n’a pas une position canonique dans l’Église, ses ministres non plus n’exercent pas de ministères légitimes dans l’Église. Il faut ensuite distinguer entre le niveau disciplinaire, qui concerne les personnes en tant que telles, et le niveau doctrinal où sont en question le ministère et l’institution. Pour le préciser encore une fois : tant que les questions concernant la doctrine ne sont pas éclaircies, la Fraternité n’a aucun statut canonique dans l’Église, et ses ministres — même s’ils ont été libérés de la punition ecclésiastique — n’exercent de façon légitime aucun ministère dans l’Église.

À la lumière de cette situation, j’ai l’intention de rattacher à l’avenir la Commission pontificale " Ecclesia Dei " — institution compétente, depuis 1988, pour les communautés et les personnes qui, provenant de la Fraternité Saint-Pie X ou de regroupements semblables, veulent revenir à la pleine communion avec le Pape — à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il devient clair ainsi que les problèmes qui doivent être traités à présent sont de nature essentiellement doctrinale et regardent surtout l’acceptation du Concile Vatican II et du magistère post-conciliaire des Papes. Les organismes collégiaux avec lesquels la Congrégation étudie les questions qui se présentent (spécialement la réunion habituelle des Cardinaux le mercredi et l’Assemblé plénière annuelle ou biennale) garantissent l’engagement des Préfets des diverses Congrégations romaines et des représentants de l’Épiscopat mondial dans les décisions à prendre. On ne peut geler l’autorité magistérielle de l’Église à l’année 1962 — ceci doit être bien clair pour la Fraternité. Cependant, à certains de ceux qui se proclament comme de grands défenseurs du Concile, il doit aussi être rappelé que Vatican II renferme l’entière histoire doctrinale de l’Église. Celui qui veut obéir au Concile, doit accepter la foi professée au cours des siècles et il ne peut couper les racines dont l’arbre vit.

J’espère, chers Confrères, qu’ainsi a été éclaircie la signification positive ainsi que les limites de la mesure du 21 janvier 2009. Cependant demeure à présent la question : cette mesure était-elle nécessaire ? Constituait-elle vraiment une priorité ? N’y a-t-il pas des choses beaucoup plus importantes ? Il y a certainement des choses plus importantes et plus urgentes. Je pense avoir souligné les priorités de mon Pontificat dans les discours que j’ai prononcés à son début. Ce que j’ai dit alors demeure de façon inaltérée ma ligne directive. La première priorité pour le Successeur de Pierre a été fixée sans équivoque par le Seigneur au Cénacle : « Toi… affermis tes frères » (Lc 22,32). Pierre lui-même a formulé de façon nouvelle cette priorité dans sa première Lettre : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » (I P 3,15). À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13,1) — en Jésus Christ crucifié et ressuscité. En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein.

Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible : c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui. D’où découle, comme conséquence logique, que nous devons avoir à cœur l’unité des croyants. En effet, leur discorde, leur opposition interne met en doute la crédibilité de ce qu’ils disent de Dieu. C’est pourquoi l’effort en vue du témoignage commun de foi des chrétiens — par l’œcuménisme — est inclus dans la priorité suprême. À cela s’ajoute la nécessité que tous ceux qui croient en Dieu recherchent ensemble la paix, tentent de se rapprocher les uns des autres, pour aller ensemble, même si leurs images de Dieu sont diverses, vers la source de la Lumière — c’est là le dialogue interreligieux. Qui annonce Dieu comme Amour "jusqu’au bout" doit donner le témoignage de l’amour : se consacrer avec amour à ceux qui souffrent, repousser la haine et l’inimitié — c’est la dimension sociale de la foi chrétienne, dont j’ai parlé dans l’encyclique Deus caritas est.

Si donc l’engagement ardu pour la foi, pour l’espérance et pour l’amour dans le monde constitue en ce moment (et, dans des formes diverses, toujours) la vraie priorité pour l’Église, alors les réconciliations petites et grandes en font aussi partie. Que l’humble geste d’une main tendue soit à l’origine d’un grand tapage, devenant ainsi le contraire d’une réconciliation, est un fait dont nous devons prendre acte. Mais maintenant je demande : Était-il et est-il vraiment erroné d’aller dans ce cas aussi à la rencontre du frère qui "a quelque chose contre toi" (cf. Mt 5,23s.) et de chercher la réconciliation ? La société civile aussi ne doit-elle pas tenter de prévenir les radicalisations et de réintégrer — autant que possible — leurs éventuels adhérents dans les grandes forces qui façonnent la vie sociale, pour en éviter la ségrégation avec toutes ses conséquences ? Le fait de s’engager à réduire les durcissements et les rétrécissements, pour donner ainsi une place à ce qu’il y a de positif et de récupérable pour l’ensemble, peut-il être totalement erroné ? Moi-même j’ai vu, dans les années qui ont suivi 1988, que, grâce au retour de communautés auparavant séparées de Rome, leur climat interne a changé ; que le retour dans la grande et vaste Église commune a fait dépasser des positions unilatérales et a atténué des durcissements de sorte qu’ensuite en ont émergé des forces positives pour l’ensemble. Une communauté dans laquelle se trouvent 491 prêtres, 215 séminaristes, 6 séminaires, 88 écoles, 2 instituts universitaires, 117 frères, 164 sœurs et des milliers de fidèles peut-elle nous laisser totalement indifférents ? Devons-nous impassiblement les laisser aller à la dérive loin de l’Église ? Je pense par exemple aux 491 prêtres. Nous ne pouvons pas connaître l’enchevêtrement de leurs motivations. Je pense toutefois qu’ils ne se seraient pas décidés pour le sacerdoce si, à côté de différents éléments déformés et malades, il n’y avait pas eu l’amour pour le Christ et la volonté de L’annoncer et avec lui le Dieu vivant. Pouvons-nous simplement les exclure, comme représentants d’un groupe marginal radical, de la recherche de la réconciliation et de l’unité ? Qu’en sera-t-il ensuite ?

Certainement, depuis longtemps, et puis à nouveau en cette occasion concrète, nous avons entendu de la part de représentants de cette communauté beaucoup de choses discordantes — suffisance et présomption, fixation sur des unilatéralismes etc. Par amour de la vérité je dois ajouter que j’ai reçu aussi une série de témoignages émouvants de gratitude, dans lesquels était perceptible une ouverture des cœurs. Mais la grande Église ne devrait-elle pas se permettre d’être aussi généreuse, consciente de la grande envergure qu’elle possède ; consciente de la promesse qui lui a été faite ? Ne devrions-nous pas, comme de bons éducateurs, être aussi capables de ne pas prêter attention à différentes choses qui ne sont pas bonnes et nous préoccuper de sortir des étroitesses ? Et ne devrions-nous pas admettre que dans le milieu ecclésial aussi sont ressorties quelques discordances ? Parfois on a l’impression que notre société a besoin d’un groupe au moins, auquel ne réserver aucune tolérance ; contre lequel pouvoir tranquillement se lancer avec haine. Et si quelqu’un ose s’en rapprocher — dans le cas présent le Pape — il perd lui aussi le droit à la tolérance et peut lui aussi être traité avec haine sans crainte ni réserve.

Chers Confrères, durant les jours où il m’est venu à l’esprit d’écrire cette lettre, par hasard, au Séminaire romain, j’ai dû interpréter et commenter le passage de Ga 5,13-15. J’ai noté avec surprise la rapidité avec laquelle ces phrases nous parlent du moment présent : "Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres !" J’ai toujours été porté à considérer cette phrase comme une des exagérations rhétoriques qui parfois se trouvent chez saint Paul. Sous certains aspects, il peut en être ainsi. Mais malheureusement ce "mordre et dévorer" existe aussi aujourd’hui dans l’Église comme expression d’une liberté mal interprétée. Est-ce une surprise que nous aussi nous ne soyons pas meilleurs que les Galates ? Que tout au moins nous soyons menacés par les mêmes tentations ? Que nous devions toujours apprendre de nouveau le juste usage de la liberté ? Et que toujours de nouveau nous devions apprendre la priorité suprême : l’amour ? Le jour où j’en ai parlé au grand Séminaire, à Rome, on célébrait la fête de la Vierge de la Confiance. De fait : Marie nous enseigne la confiance. Elle nous conduit à son Fils, auquel nous pouvons tous nous fier. Il nous guidera — même en des temps agités. Je voudrais ainsi remercier de tout cœur tous ces nombreux Évêques, qui en cette période m’ont donné des signes émouvants de confiance et d’affection et surtout m’ont assuré de leur prière. Ce remerciement vaut aussi pour tous les fidèles qui ces jours-ci m’ont donné un témoignage de leur fidélité immuable envers le Successeur de saint Pierre. Que le Seigneur nous protège tous et nous conduise sur le chemin de la paix ! C’est un souhait qui jaillit spontanément du cœur en ce début du Carême, qui est un temps liturgique particulièrement favorable à la purification intérieure et qui nous invite tous à regarder avec une espérance renouvelée vers l’objectif lumineux de Pâques.

Avec une particulière Bénédiction Apostolique, je me redis

Vôtre dans le Seigneur

BENEDICTUS PP. XVI


DECRET DE LA CONGREGATION POUR LES EVEQUES

(Traduction rédaction française de Radio Vatican)

« Dans une lettre adressée, le 15 décembre 2008, à son Eminence le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission pontificale Ecclesia Dei, Monseigneur Bernard Fellay, au nom des trois autres évêques consacrés le 30 juin 1988, sollicitait de nouveau la levée de l’excommunication latae sententiae déclarée officiellement par le Décret du Préfet de la Congrégation pour les évêques publié le 1er juillet 1988. Dans cette lettre, monseigneur Fellay affirme, entre autre : «  Nous sommes toujours fermement déterminés dans notre volonté de rester catholiques et de mettre toutes nos forces au service de l’Eglise de Notre Seigneur Jésus Christ, qui est l’Eglise catholique romaine. Nous acceptons ses enseignements dans un esprit filial. Nous croyons fermement à la Primauté de Pierre et à ses prérogatives, et c’est pour cela même que nous souffrons tant de l’actuelle situation. »

Sa Sainteté Benoît XVI – sensible comme le serait un père au malaise spirituel manifesté par les intéressés à cause de la sanction d’excommunication, et confiant en leur volonté, exprimée dans la lettre citée auparavant, de ne ménager aucun effort pour approfondir, via des colloques nécessaires avec les autorités du Saint Siège, les questions qui restent en suspens afin de pouvoir parvenir rapidement une pleine et satisfaisante solution au problème qui s’est posé à l’origine –  a décidé de reconsidérer la situation canonique des évêques, Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta qui avait suivi leur consécration épiscopale.

Avec cet acte on désire consolider les relations réciproques de confiance, intensifier et stabiliser les rapports de la Fraternité Saint Pie X avec le Siège Apostolique. Ce don de paix, au terme des célébrations de Noël, veut être aussi un signe pour promouvoir l’unité dans la charité de l’Eglise universelle et arriver à supprimer le scandale de la division.

On espère que ce pas sera suivi de réalisation rapide de la pleine communion avec l’Eglise de toute la Fraternité de Saint Pie X, témoignant ainsi de la vraie fidélité  et de la vraie reconnaissance du Magistère et de l’Autorité du Pape comme preuve de l’unité visible.

En vertu des facultés accordées par le Saint Père  Benoît XVI, en vertu du présent décret, je remets aux évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta la levée de l’excommunication latae sententiae décrétée par cette Congrégation le 1er juillet 1988, et je déclare privé d’effet juridique, à partir de ce jour, le Décret émis à l’époque.

Rome, de la Congrégation pour les évêques, 21 janvier 2009.

Card. Giovanni Battista Re

Préfet de la Congrégation pour les évêques


COMMUNIQUE DE PRESSE DU SAINT SIEGE

(Traduction rédaction française de Radio Vatican)

Le Saint-Père, à la suite d’un processus de dialogue entre le Siège Apostolique et la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, représentée par son Supérieur Général, S.E. Mons. Bernard Fellay, a accueilli la requête formulée à nouveau par le dit Prélat, dans une lettre du 15 décembre 2008, également au nom des trois autres Evêques de la Fraternité, S.E. Mons. Tissier de Mallerais, S.E. Mons. Richard Williamson et S.E. Mons. Alfonso de Gallareta, de lever l’excommunication qu’ils avaient encourue il y a vingt ans.

A cause, en effet, des consécrations épiscopales réalisées, en date du 30 juin 1988, par S.E. Mons. Marcel Lefebvre, sans mandat pontifical, les quatre Prélats mentionnés avaient encouru l’excommunication latae sententiae, prononcée formellement par la Congrégation pour les Evêques en date du 1erjuillet 1988.

S.E. Mons. Bernard Fellay, dans la lettre citée ci-dessus, manifestait clairement au Saint Père que : « Nous sommes toujours fermement déterminés dans la volonté de rester catholiques et de mettre toutes nos forces au service de l’Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est l’Eglise catholique romaine. Nous acceptons ses enseignements dans un esprit filial. Nous croyons fermement au Primat de Pierre et à ses prérogatives, et c’est pour cette raison que la situation actuelle nous fait tant souffrir ».

Sa Sainteté Benoît XVI, qui a suivi depuis le début ce processus, a toujours cherché de résorber la fracture avec la Fraternité, en rencontrant même personnellement S.E. Mons. Bernard Fellay, le 29 août 2005. A cette occasion, le Souverain Pontife a manifesté la volonté de procéder par étapes et en des temps raisonnables sur ce chemin et maintenant, bénignement, avec sollicitude pastorale et miséricorde paternelle, par le Décret de la Congrégation pour les Evêques du 21 janvier 2009, lève l’excommunication qui pesait sur les dits Prélats. Le Saint Père a été inspiré dans cette décision par le souhait que l’on arrive au plus vite à la complète réconciliation et à la pleine communion.

Du Vatican, 24 janvier 2009.


Le cardinal André Vingt-Trois explique le décret de levée d'excommunication   

    Le cardinal André Vingt-trois explique le décret de levée de l'excommunication dans un texte publié cette semaine dans la Revue diocésaine Paris Notre-Dame

Le 24 janvier, a été publié le décret qui lève l'excommunication prononcée contre les quatre évêques ordonnés illicitement par Mgr Lefebvre en 1988. Le Pape Benoît XVI a ainsi répondu à la demande faite par Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité St Pie X, au nom des quatre évêques. Il y affirmait, entre autres, leur « ferme détermination dans leur volonté de rester catholiques », leur « acceptation des enseignements de l'Eglise » et leur « ferme croyance en la primauté de Pierre et en ses prérogatives ».

En levant cette excommunication, le Pape a ouvert une porte pour que s'engagent des discussions sur la situation juridique de la Fraternité St Pie X. Cette question n'est pas résolue par ce décret, qui vise seulement l'état personnel des quatre évêques. Cette mesure ne concerne que les personnes. Elle ne réhabilite pas ces évêques dans des juridictions qu'ils n'ont jamais eues. L'évolution de la situation de la Fraternité dépendra des entretiens dont parlent le décret. Cela prendra du temps.

Cet évènement important peut troubler beaucoup de catholiques. La vitalité de l'Eglise et des communautés paroissiales permet de l'assumer positivement. Il est une nouvelle chance offerte pour surmonter les divisions et faire grandir l'unité de l'Église. Cette décision du Pape a été rendue publique au cours de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Elle s'inscrit donc dans l'effort de Benoît XVI pour exercer son ministère de communion. Je me réjouis quand l'Église peut prendre une mesure de clémence et de miséricorde.

Les colloques annoncés posent évidemment la question du respect de la Tradition de l'Eglise. Reconnaître la primauté du Pape et vouloir la respecter ne permet pas de s'ériger en juge de la Tradition. L'interprétation de la Tradition est un acte du Magistère, du Pape et du Collège des Evêques, et non d'un groupe particulier.

Par ailleurs, on doit faire la distinction entre la levée d'excommunication et les propos négationnistes historiquement et moralement insoutenables et scandaleux tenus par Richard Williamson. Je partage l'émotion suscitée par cette déclaration et assure la communauté juive de notre détermination à poursuivre le dialogue fraternel engagé depuis tant d'années.

La sentence romaine concerne les conséquences de l'ordination de 1988 et n'avalise en rien ce que sont et disent ces évêques, qui n'ont aujourd'hui ni juridiction, ni pouvoirs dans l'Eglise catholique.

Cardinal André Vingt-Trois                     
26 janvier 2009                           


 Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir... » 
De  Mgr Hippolyte SIMON,Archevêque de Clermont

ROME, Lundi 2 février 2009 (ZENIT.org) - Dans  « Lettre ouverte à ceux qui veulent bien réfléchir... »,  Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont et vice-président de la conférence épiscopale française, demande:

 « Qui avait intérêt à salir la réputation du Pape ? »

 Je  ne  sais  pas si je suis en colère ou si je suis malheureux : la vérité tient  sans  doute  des  deux.  Mais  trop,  c'est  trop, alors je dis : ça suffit  !  Le déchaînement médiatique contre le Pape Benoît XVI, qui aurait réintégré  quatre  évêques  intégristes,  dont  un  négationniste avéré, nerelève  pas  de  la  critique, mais de la calomnie et de la désinformation. Car,  quoi  que  l'on pense des décisions du Pape, il faut dire, répéter et souligner  que  ces  quatre  évêques n'ont pas été réintégrés. Et donc, Mgr Williamson,   dont   les   propos  tenus  à la  télévision  suédoise  sont effectivement  intolérables,  n'est toujours pas revenu au sein de l'Eglise catholique  et  il  ne  relève  toujours  pas  de  l'autorité  du Pape. Les informations  qui parlent de réintégration reposent sur une confusion grave entre levée des excommunications et réintégration à part entière.  

J'accorde  volontiers  mon indulgence à tous les journalistes et à tous les commentateurs   qui  ont   pu   confondre,  de  bonne  foi,  la  levée  de l'excommunication  et  la  réintégration  pure  et  simple.  Les catégories utilisées  par  l'Eglise  peuvent  prêter à équivoque pour le grand public.

Mais  la vérité oblige à dire que, selon le Droit de l'Eglise, ce n'est pas du  tout  la  même  chose.  Si  on  confond les plans on devient victime de simplifications  qui  ne  profitent  qu'à  ceux  qui  veulent  faire  de la provocation.  Et on se fait complice, involontairement, de ces derniers. De façon  habituelle,  le  grand public est en droit d'exiger d'un journaliste sportif  qu'il  sache distinguer, par exemple, entre un corner et un essai.

Pourquoi  l'Eglise n'aurait-elle pas le droit d'avoir aussi son vocabulaire «  technique  »  et  pourquoi  devrait-on  tolérer des approximations aussi graves simplement sous prétexte qu'il s'agit de religion ?  

Reprenons  donc  exactement  ce qui s'est passé. Suite à l'élection du Pape Benoît XVI, en Avril 2005, les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, fondée il  y  a  plus  de  trente ans par Mgr Lefebvre, ont demandé à reprendre le dialogue avec Rome, mais ils avaient mis deux préalables : premièrement, la libéralisation du Missel de 1962, ce qui a été fait par le motu proprio, en juillet 2007 et, deuxièmement, la levée des excommunications.  

Que  signifie  la levée des excommunications ? Pour prendre une comparaison familière, je dirai ceci : quand Mgr Lefebvre est sorti, c'est-à-dire quand il  a  désobéi  en  ordonnant  quatre évêques malgré l'avis formel du Pape, c'est comme s'il y avait eu, automatiquement, une barrière qui était tombée et  un  feu  qui  s'était  mis  au  rouge pour dire qu'il était sorti. Cela voulait  dire  que si, un jour, il voulait rentrer, il faudrait qu'il fasse d'abord   amende   honorable.   Mgr   Lefebvre   est   mort.   Paix  à  son âme  !  Aujourd'hui,  ses  successeurs, vingt ans après, disent au Pape : «Nous sommes prêts à reprendre le dialogue, mais il faut un geste symbolique de  votre part. Levez la barrière et mettez le feu au clignotant orange ! »

Le Pape, pour mettre toutes les chances du côté du dialogue, a donc levé la barrière et a mis le feu au clignotant orange. Reste à savoir maintenant si ceux  qui  demandent  à  rentrer  vont le faire. Est-ce qu'ils vont rentrer tous  ?  Quand  ? Dans quelles conditions ? On ne sait pas. Comme le dit le cardinal Giovanni Battista Re [préfet de la Congrégation des évêques], dans son  décret  officiel  :  «  il  s'agit  de  stabiliser  les  conditions du dialogue  ».  Peut-être que le Pape, dans un délai que nous ne connaissons pas,  leur  donnera  un statut canonique. Mais pour l'instant, ce n'est pas fait.  Le  préalable  au dialogue est levé, mais le dialogue n'a pas encore commencé.  Nous  ne  pouvons donc pas juger les résultats du dialogue avant qu'il n'ait eu lieu.  

Là-dessus,  la  veille  du jour où devait être publié le décret du Cardinal RE,  voici  qu'une  télévision  suédoise  publie  ou  republie  les  propos clairement  négationnistes  de  l'un  des  quatre  évêques  concernés,  Mgr Williamson. Le Pape, quand il a donné son feu vert à la signature du décret par  le Cardinal pouvait-il connaître les discours de Mgr Williamson ? Très honnêtement,  je  crois  pouvoir  dire  que non. Et c'est en un sens plutôt rassurant  :  c'est  le signe que le Vatican n'a vraiment pas les moyens de faire  surveiller  tous  les évêques et toutes les chaînes de télévision du monde  ! C'est donc ici qu'il ne faut pas se tromper d'interprétation : que signifie  cette  coïncidence entre la signature d'un décret, prévue pour le 21  Janvier,  et  donc connue de Mgr Williamson, et la diffusion des propostélévisés du même personnage ?  

Que  chacun se demande : à qui profite le crime ? A qui profite le scandale provoqué  par  des  propos  d'une  telle  obscénité ? La réponse me semble limpide  :  à celui ou à ceux qui voulaient torpiller le processus inauguré par  la signature  du  décret  !  Or,  pour  peu que l'on suive un peu ces questions  et  les  différentes  interventions  de  Mgr  Williamson  depuis quelques  années,  il  est  clair  que  lui  ne  veut  à aucun  prix de la réconciliation  avec  Rome  !  Cet évêque, dont je répète, qu'il n'a encore aujourd'hui aucun lien de subordination canonique vis-à-vis de Rome, a tout simplement  utilisé la méthode des terroristes : il fait exploser une bombe (intellectuelle)  en  espérant  que  tout le processus de réconciliation va dérailler.  Il  fait  comme  tous les ultras de tous les temps : il préfère laisser  un  champ  de  ruines plutôt que de se réconcilier avec ceux qu'il considère comme des ennemis.   

Alors  je  le  dis  avec  tristesse  à tous  ceux  qui  ont relayé, - avec gourmandise   ou   avec  douleur-,  l'amalgame  entre  Benoît  XVI  et  Mgr Williamson  :  vous  avez  fait  le  jeu,  inconsciemment, d'un provocateur cynique  !  Et,  en  prime,  si  j'ose dire, vous lui avez offert un second objectif  qui  ne  pouvait  que le ravir : salir de la pire des manières la réputation du Pape. Un pape dont il se méfie plus que de tout autre, car il voit  bien que ce Pape ruine absolument tout l'argumentaire échafaudé jadis par  Mgr  Lefebvre.  Je ne peux pas développer ici ce point. Je ne fais que renvoyer  à  un  article que j'avais publié dans les colonnes du journal Le Monde,  l'an dernier, au moment de la publication du Motu Proprio : « Quand je  lis,  un peu partout, que le Pape accorde tout aux intégristes et qu'il n'exige  rien  en  contrepartie,  je ne suis pas d'accord : il leur accorde tout sur la forme des rites, mais il ruine totalement leur argumentaire sur le  fond.  Tout  l'argumentaire  de Mgr Lefebvre reposait sur une prétendue différence substantielle entre le rite dit de Saint Pie V et le rite dit de Paul  VI.  Or,  réaffirme Benoît XVI, il n'y a pas de sens à parler de deux rites.  On  pouvait,  à la rigueur, légitimer une résistance au Concile si l'on  pensait,  en  conscience, qu'il existait une différence substantielle entre  deux  rites.  Peut-on  légitimer  cette résistance, et a fortiori un schisme, à partir d'une différence de formes ? »2  

Pour  un  fondamentaliste,  et  qui plus est, pour un négationniste forcené comme  Mgr  Williamson,  Benoît XVI est infiniment plus redoutable que tous ceux  qui  font  l'apologie  de  la  « rupture » introduite par le Concile Vatican II. Car s'il y a rupture, alors il est conforté dans son opposition à  la  « nouveauté ». Mais celui qui démontre paisiblement que le Missel de Paul  VI,  la  liberté religieuse et l'œcuménisme font partie intégrante de l'authentique    Tradition    Catholique,   celui-là   lui   enlève   toute justification.  

J'ai  bien  conscience  qu'il  faudrait  développer  mon argumentation. Que chacun  veuille  bien  me  pardonner de renvoyer aux sites internet où tout ceci  est  visible.  Mais  je  souhaite  surtout que chacun veuille bien se méfier  des  provocations trop bien montées. Quant à ceux qui s'obstinent à répéter  que  Joseph  Ratzinger  a  servi  dans les Jeunesses hitlériennes, qu'ils  veuillent bien relire le témoignage qu'il a donné à Caen, le 6 Juin 2004,  pour  le  soixantième  anniversaire du Débarquement en Normandie, et qu'ils  se demandent ensuite ce qu'ils auraient fait à sa place... Quand on hurle un peu trop fort avec les loups d'aujourd'hui, on ne fait pas bien la preuve que l'on eût été capable de se démarquer des loups de l'époque...  

Reste un point qui est second mais cependant très grave : il faudra tout de même  s'interroger  sur  la  communication des instances romaines lorsqu'il s'agit  de  sujets  aussi  sensibles. Après la polémique de Ratisbonne (qui mériterait  elle aussi d'être démontée attentivement..), j'espère - mais je me réserve d'en parler plutôt en interne - que les responsables de la Curie vont  procéder à un sérieux débriefing sur les ratés de leur communication.

Pour  le  dire  d'un  mot, voici comment j'ai vécu les choses : Mercredi 21 janvier,   les  milieux  intégristes  italiens,  qui  croyaient  triompher, «  organisent  une  fuite  »  dans  «  Il  Giornale  ». Aussitôt le tam-tam médiatique,   se   met   en  route.  Mais  nous,  membres  des  conférences épiscopales,  nous  ne  savons absolument rien ! Et pendant trois jours les nouvelles  - erronées, qui parlent à longueur de journée de réintégration - prolifèrent  dans  tous  les  sens  comme  un feu de brousse. Tout y passe. Arrive  alors  la  « bombe  » de Mgr Williamson... Et c'est seulement samedi matin,  -  trois  jours  trop  tard  !  -,  que nous recevons le communiqué officiel du Cardinal RE.. Comment voulez-vous que nous puissions remettre le débat sur des bases correctes ? Le Cardinal Ricard s'y est employé, de très bonne  façon,  mais  le  feu était parti, et plus personne ne pouvait alors entendre une parole raisonnable.  

Maintenant  que  la  poussière  commence  à retomber, essayons de reprendre calmement  nos  esprits.  Comme  disait  ma grand-mère : d'un mal Dieu peut faire  sortir  du  bien. Le mal c'est que le Pape Benoît XVI a une nouvelle fois  été  traîné  dans la boue par une majorité de grands médias, excepté, Dieu  merci,  La  Croix  et  quelques  autres.  Beaucoup de catholiques, et beaucoup  de  gens  de  bonne  volonté,  sont  dans l'incompréhension et la souffrance.  Mais  le  bien,  c'est  que  les  masques  sont tombés ! Si le dialogue continue malgré tout avec les évêques de la Fraternité Saint Pie X - sous réserve, bien sûr, qu'ils passent la barrière maintenant levée -, le discernement pourra se faire, car tout le monde sait un peu mieux ce qu'ils pensent les uns et les autres.  

Pour  conclure,  j'ai  envie  de  m'adresser  aux  fidèles  catholiques qui peuvent,  non sans raison, avoir le sentiment d'être un peu trahis, pour ne pas dire méprisés, en cette affaire : méditez la parabole du Fils prodigue, et prolongez-la. Si le Fils aîné, qui avait d'abord refusé d'entrer dans la fête,  dit  qu'il veut rentrer, allez-vous le refuser ??? Ayez suffisamment confiance en vous-mêmes et en l'Esprit qui conduit l'Eglise, et qui a aussi guidé  le  Concile  de  Vatican II, pour penser que la seule présence de ce fils  aîné  ne  suffira pas à étouffer la fête. Donnez à ce dernier venu un peu  de  temps  pour  s'habituer  à la lumière de l'Assemblée où vous vous tenez...   

      + Hippolyte SIMON,
      Archevêque de Clermont,
vice-président de la Conférence des évêques de France

Le 29 janvier 2009